Le mot du jour #4
Continuité de la différence – Digression – Digression – Digression – Rappel – Ministères congolais – Design congolais – Apitoiement misérabiliste – Retour au réalisme – Considérations politico-économiques – Fin abrupte et déceptive du billet
Bon, une fois n’est pas coutume, le mot du jour est une expression. Oui, je sais, depuis le début, aucun de mes mots du jour n’était un mot du jour, mais ça viendra un jour prochain, promis. Je ferai mon possible.
Cependant, le mot du jour, qui est une expression, me contraint à faire un bref passage en vous expliquant les circonstances de sa survenue (si si, le mot survenue existe). Donc, pas longtemps après mon arrivée à Brazzaville, je suis allé à Kinshasa, comme je n’ai eu de cesse de le faire depuis lors.
A ce propos, pour ceux au fond qui ne suivent pas, je suis en VIE au Congo Brazzaville, aussi appelé la République du Congo, et couramment abrégée en Congo-B. Cependant, mon boss étant le DAF de Brazzaville et Kinshasa, il ne pouvait pas s’occuper des deux de manière satisfaisante, et c’est pourquoi je travaille à plein temps sur la succursale que nous avons à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, ex-Congo Belge, ou Congo Kinshasa, couramment abrégé en RDC ou bien Congo-K. A noter pour les plus avertis que Kinshasa s’appelait par le passé Léopoldville, en l’honneur du célèbre roi des Belges. On peut imaginer qu’à l’époque, on parlait du Congo-L. Pour ceux qui trouvent tout ça un peu compliqué, n’hésitez pas à faire un tableau, voire un joli dessin schématique.
Donc, écrivais-je, je suis à Brazzaville, et mon travail est à Kinshasa. Comme certains s’en seront doutés, je fais très régulièrement les allers-retours de part et d’autre du fleuve (cf. un précédent post sur le Matadi et l’avantage d’avoir un canot rapide). Jusqu’à présent, disons que je suis quatre jours à Brazzaville, trois jours à Kinshasa par semaine. Et bien figurez-vous que tout ça va bientôt changer, puisque je vais probablement aller m’installer de l’autre côté, à Kin, pour de bon, au cours du mois de mai. On peut imagine que je ferais alors cinq jours à Kin et deux jours à Brazza, voire moins.
Soit. Revenons plus haut : j’écrivais qu’à mon arrivée à Kinshasa… et je m’étais arrêté là. Et bien à mon arrivée à Kin, je suis allé (accompagné) au Ministère du Travail. Grande expérience que cela. J’aurais bien aimé prendre des photos. Un grand bâtiment, tout plein de trous, plus de vitres à certains endroits, les murs complètement humides avec la peinture qui s’en va, les couloirs obscurs qui sentent l’urine, le mobilier de bureau qui date de piteuses années 60-70, et des étagères vides, des bureaux vides, des placards vides, des tiroirs vides.
En gros, imaginez un squat, meublé par un brocanteur, avec plein de gens derrière des bureaux, et qui attendent. Ils n’ont pas de stylos, pas de papier, pas de dossiers, et bien entendu pas d’ordinateurs. Si vous avez besoin d’imprimés administratifs, ils vous donnent avec précaution leur original, que vous devez aller photocopier à la machine du coin, pour quelques Francs Congo la copie.
Comme un naïf, je me disais « Fatche, l’Etat Congolais est vraiment à la rue, ses fonctionnaires n’ont même pas de crayons ou de papier… » mais on m’a vite ramené à la réalité africaine : les fonctionnaires se font des extras en revendant par derrière les fournitures de bureau, ce qui explique qu’il n’y ait rien au ministère. Forcément, ça explique aussi la situation économique et politique du pays, par extension. Oui, je sais, on me dira que c’est vilain de généraliser, qu’il ne faut pas tirer de conclusions comme ça… Et c’est vrai qu’au Congo-B, ça marche quand même mieux. La précarité crée toutes sortes d’habitudes qui sont autant de cercles vicieux qui empêchent le pays de s’en sortir, et qui demandent le double d’efforts pour remettre l’économie sur les rails.
Mais tout cela n’est pas ce dont je voulais vous entretenir... Et je m’aperçois que le post est déjà long, vous ne trouvez pas ? Je vous propose de remettre à plus tard la suite, comme ça, ça aère un peu le site, OK ? Merci de votre compréhension ! On parlera du mot du jour qui est une expression une prochaine fois !