07 avril 2006

Le mot du jour #3

Caractère non négociable du mot du jour – Caractère changeant du même – Caractère onirique du même – Le mot du jour, version africaine – La loterie du calendrier – Aimé ou pas ? – Charlotte nous éloigne – Félicien et les autres – Retour de la barbue – Anecdote historique et culturelle – Retour du chauffeur – Un homme unique – Une situation étrange – Avertissement à l’attention des lecteurs – Projections.


Le mot du jour est un nom, que vous le vouliez ou non. Un nom, mais pas n’importe lequel. Un nom, comme on en a trop rarement ici. C’est le nom d’un chauffeur, que l’on a pris ici à l’essai (et qui malheureusement n’a pas été retenu). Ce nom, c’est en fait son prénom, car son nom je ne le connais pas, son prénom, donc, a tout pour faire rêver. Ici, il me faut introduire une petite pause culturelle.

J’avais entendu avant de venir en Afrique bien des choses désobligeantes sur les gens du quartier. Par exemple, et entre autres, car c’est là que je veux en venir, que la plupart étaient baptisés suivant le mot du jour, c'est-à-dire selon le saint dont on célébrait la fête. Ainsi, né le jour de la St Aimé (on ne se refait pas), j’aurais dû m’appeler Aimé, et pas autre chose, comme Charlotte, par exemple. Le fait est que je ne m’appelle par Charlotte non plus, mais cela nous éloigne du sujet. Donc, on m’avait dit ça. Et moi, je me disais « ah, vraiment, les gens aiment bien inventer n’importe quoi. » Et puis je suis parti.

Et j’arrive ici. Et les gens s’appellent, en vrac : Félicien, Ferdinand, Parfaite (la barbue dont je parlais tantôt), Faustin, Ange, Aigle (ouais, je sais, y a pas de St Aigle mais c’est quand même chelou comme nom, non ?) et ainsi de suite. Je n’ai pas personnellement rencontré de Fetnat, mais je reste persuadé que ce n’est qu’une question de temps.

Après tout, vous connaissez Bokassa ? L’ancien chef de la Centrafrique, répondait au doux prénom de Jean-Bédel. Au premier abord, on se demande un peu d’où ça peut venir… et puis on écoute la radio, et on entend l’information suivante, qui a toutes les chances d’être authentique (et qui est tellement chouette que si la vérité n’est pas celle là, c’est que la vérité se trompe) : Jean-Bédel Bokassa est né le 22 février 1921, ce qui ne vous dit peut-être rien, mais c’est le jour de la Saint Jean-Baptiste de la Salle, souvent abrégée sur les calendriers en « St Jean-B d. L. », ce qui donne, si vous le prononcez à haute voix : Jean-Bédéhel. Il n’y a qu’un pas, que ses parents ne se sont pas gardés de franchir, jusqu’au prénom du regrettable individu.

Donc, ici, si vous voulez faire original, il faut vous lever tôt, parce que ça invente sévère avec les prénoms. Et le meilleur exemple, si vous vous en souvenez bien, c’est celui dont je parlais au début : la justification de mon post, finalement. Et bien ce chauffeur, justement, n’a pas un prénom de calendrier. Ce chauffeur est probablement le seul homme à porter son prénom dans le pays. Et probablement sur terre, à l’heure qu’il est. Ce chauffeur, c’est Georges Pompidou. Juré, c’est son prénom. Notre chauffeur a été Georges Pompidou, pendant une semaine. Mais Georges Pompidou n’a pas été à la hauteur. Nous n’avons donc pas prolongé le contrat de Georges Pompidou. Georges Pompidou est probablement parti vers un destin plus glorieux que celui de chauffeur. Il ne faudrait quand même pas que Georges Pompidou fasse de la politique, ça ferait désordre, non ? Peut-être, avec un autre prénom, aurait-il pu. La faute à ses parents, finalement.

La morale à tirer de tout cela ? Et bien, c’est que quand vous aurez des bébés ou autres, il ne faudra pas les appeler Ségolène-Royal Colombain, Jacques-Chirac Chaperon ou bien Georges-W-Bush Butty. Ce serait grandement les handicaper par la suite…

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