La vie est dure sous les Tropiques...
Quand d'autres s'habillent chaudement pour aller dans le blizard, je reste en petite chemise, manches remontées et mon bronzage commence à témoigner du caractère africain du Congo. Je ne suis pas encore couleur locale, mais les traversées régulières entre Brazzaville (Congo tout court) et Kinshasa (République Démocratique du Congo) auront bientôt raison de ma pâleur européenne...
D'ailleurs, la traversée, parlons-en. C'est un peu une aventure en soi, comme finalement tout ce qu'on peut avoir envie d'entreprendre ici : traverser le fleuve ? Aventure. Prendre le volant ? Aventure. Goûter un plat local ? Aventure. Bref, c'est Indiana Jones au quotidien, je risque ma vie ici, vous savez.
Bon personne n'est dupe, je ne risque rien, mais bon. J'en étais à la traversée avant d'être interrompu par le volant et le plat local. Donc la traversée, c'est 10mn de hors-bord sur le Fleuve Congo, entre les deux "Beachs" comme on dit ici pour désigner les embarcadères. Ah, la beauté de la langue locale.
Eh bien pour traverser, il y a plusieurs options : soit on prend le Matadi, et là, quand je parlais d'aventure tout à l'heure, le mot prend tout son sens. Le Matadi, c'est l'esprit du Congo en un bateau. Les photos parlent d'elles-mêmes, mais je vais les aider : une grande barge (qui a dû être un ferry dans les années 50) remplie à ras-bord de gens (et ras-bord veut vraiment dire ras-bord : les gens accrochés depuis l'extérieur au hublots, sur le toit, partout. Et quand le bateau arrive au beach, une bonne partie des passagers saute à la flotte, pour éviter les longues attentes à la douane, et surtout les équipes de douaniers qui n'aiment pas la contrebande...). En plus, une très grande partie des passagers constituée par des handicapés de Kinshasa. Pourquoi? me direz-vous. Et bien je vais vous répondre. C'est parce qu'à Kin, les handicapés sont exemptés de droits de douane pour tout ce qu'ils arrivent à prendre sur eux. Donc, ils ont de petits tricycles qu'ils font avancer avec un pédalier à main, et deux ou trois gars qui poussent. Les gars n'ont rien le droit de porter, mais ils peuvent pousser à loisir. Ce qui fait des handicapés les rois du beach de Kin, les meilleurs commerçants du fleuve, les pires contrebandiers de la frontière, et en conséquences de tous ces titres, la plus grosse mafia de RDC. Mafia au sens strict. Du coup, ils se font un peu "chicoter" par les policiers des beachs, c'est à dire que les flics ont des sortes de matraques du type tuyau d'arrosage, et qu'ils s'en servent. Mais c'est de bonne guerre.
Pour ceux qui ont suivi jusque-là, vous vous souvenez que j'avais suggéré un moyen d'éviter le Matadi. Ce moyen, c'est le "canot privé", à savoir un petit hors-bord qui nous attend régulièrement à un beach ou un autre, avec un pilote, et on fait la traversée en 10mn, quand il faut probablement une heure avec le Matadi. Et encore, je ne vous parle pas des formalités frontalières : nous avons un "protocole" (un type qui passe sa journée à nous faciliter l'administration, les formalités de douane, à préparer les papier, et finalement à nous simplifier la vie), et du coup on ne passe que quelques secondes à passer de l'embarcadère à l'extérieur du port.
Ce qui est bien.
Enfin, j'ai mis dans la galerie quelques photos autres que celles du Matadi, mais je vais pas non plus faire des liens pour toutes les images. Vous êtes grands, prenez-vous en charge. Je vais essayer de mettre des photos de Kinshasa, mais c'est difficile d'en prendre parce que c'est de l'ordre du pas autorisé. Un peu comme l'interdit. En parlant de photos, je les prends avec une qualité assez pourrie, car c'est avec mon téléphone portable. C'est plus discret, et au moins ça prend pas beaucoup de place? A l'avenir, je vais essayer de plus prendre mon appareil photo normal. On verra.
J'avais encore d'autres trucs à dire, mais le post est déjà un peu long pour l'attention des lecteurs modernes (ah, la génération zapping !) donc ça sera pour une prochaine fois.
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