Kalachnikov
Ca n'étonnera probablement personne, on voit des armes à tous les coins de rue, ici. Et, surtout, des Kalachnikov.
Bien entendu, comme tout le monde le sait déjà, depuis Lord of War ou même avant, la Kalachnikov reste ce qui se fait de mieux, en terme de rapport qualité/prix, sur le marché. Et ce n'est pas un hasard si, dans une région ayant connu tant et tant de guerres civiles et de régimes militaires si on les trouve en masse, jusqu'à représenter 60% des armes légères en circulation...
Sachant que le prix oscille ici entre 9 et 33$ (non je n'en rapporterai pour personne en Mai : ce n'est pas autorisé en cabine), on comprend que tout le monde en soit équipé : rebelles, armées, milices, polices...
Et donc, chaque jour, on voit ces armes portées par un peu tout le monde. Au début, on peut trouver ça un peu anxiogène, mais on s'y fait vite : les armes de la Monuc sont plus grosses (des M16 ou autres), et l'armée dispose aussi d'automitrailleuses assez impressionnantes, et également de lance-roquettes peu discrets. La Kalachnikov, c'est un peu de l'ordre du jouet.
Par ailleurs, comme le pays n'est pas très sûr, l'Etat congolais "loue" la police aux entreprises qui en font la demande : on voit donc des policiers armés d'AK-47 devant les supermarchés, les banques, et il y en a cinq ou six que je salue chaque matin en passant la grille de l'endroit ou je travaille.
Alors on s'y fait, et on essaie de ne pas avoir l'air terrifié quand le policier qui vous ouvre la porte à la banque fait malencontreusement tomber sa Kalach' dans un grand bruit sur le ciment. Pas de coup tiré, tout va bien. Ca donne lieu à quelques scènes un brin surréaliste, comme sur la photo plus bas...
Dimanche dernier, un orage phénoménal (càd : comme tous les deux jours) s'est abattu sur Kinshasa quand je sortais du supermarché. Nous étions plusieurs à attendre une accalmie pour regagner nos voitures : un "casque bleu" (enfin, plutôt une "casquette bleu") avec son gun, des gens, et bien entendu, le tout sous l'oeil du policier en faction. Serviable, d'ailleurs, ce policier, qui s'est précipité, la Kalachnikov sous le bras, pour aller porter son parasol bariolé vers une grosse dame qui descendait de sa voiture.
Moi, j'aurais été une grosse dame, j'aurais pas été rassurée. Mais bon, elle est descendue quand même. Il n'a pas fait tomber son arme. Et la pluie a continué.
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