30 novembre 2006

Rassurer, encore...

Voilà, qu’est-ce que je disais, il faut constamment rassurer les gens ! (mais on peut avouer qu’il y en a besoin…)

Donc, nous avons passé la dernière semaine et demie à Brazza… mardi, nous nous sommes dit : bon, on dirait que c’est un peu plus calme, on va aller faire un tour… et puis pouf, à 11h, (nous étions tous au bureau), manifestation devant la Cour Suprême de Justice, dispersée par des tirs de la police locale. Qui en retour se fait tirer dessus par les partisans de Bemba, dont la maison est à quelques dizaines de mètres. Débandade, même la Monuc s’embrouille les pinceaux, et quitte la place, a lors qu’elle aurait dû maintenir l’ordre ! (il y aurait eu, en fait, cafouillage entre l’État-major et le terrain)… Bref, des voitures de police brûlent, je crois même qu’une jeep de l’Eufor a été brûlée également… et une partie de la Cour Suprême de Justice a aussi brûlé… Les pompiers municipaux sont intervenus, mais ils n’avaient plus d’eau, et c’est donc les pompiers de la Monuc qui sont arrivés pour finir le travail… quand on sait que le fleuve est à cinq cent mètre !

L’événement prend une autre tournure quand ont sait que Kabila a été élu à 58% des voix, et que Bemba, candidat déçu, a déposé un recours… à la Cour Suprême de Justice ! Des rumeurs ont circulé, annonçant que les papiers du recours avaient brûlé avec le reste, mais il semble que cela ne soit pas le cas, et la procédure suit son cours.
Quoi qu’il en soit, nous sommes repartis le jour même à Brazzaville, pour revenir le lendemain faire un aller-retour. Jeudi, c'est-à-dire hier, nous avons constaté que la situation ne dégénérait pas, nous avons décidé de revenir et de rester. J’ai donc dormi chez moi cette nuit, ce que je n’avais pas fait depuis presque une semaine....
Entre-temps, notre patron a déjeuner avec le chef d’État-major des Forces Armées de la RDC, qui lui a confirmé que les troupes de Bemba se repliaient comme il leur avait été demandé à 80km au Nord de la ville. Cependant, un ultimatum a été fixé à 48h pour que ce repli soit effectif, et si des incidents doivent éclater, il est probable que ce soit à l’issue de cet ultimatum… le Chef d’EM considérait qu’il suffisait de rester chez soi, mais… on n’est jamais trop prudent, donc, nos sacs sont restés fermés hier soir, et ce midi, nous repartons pour Brazza ! Du coup, j’en connais une que cette situation ravit, et je dois reconnaître que tout cela comporte finalement de bons côtés, nous n’en espérions pas tant.

Nous allons y passer le WE, et dès lundi, nous allons faire les allers-retours vers Kinshasa la journée. Probablement, nous dormirons chez nous à partir du jeudi soir de la semaine prochaine.

C’est dommage, j’avais un ananas délicieux au frigo.

20 novembre 2006

Bon, je vais bien.

C’est amusant, mais ici, on doit constamment rassurer les gens sur la situation. Il faut dire qu’il y en a besoin.

Bref rappel d’actualité récente mais pas assez pour les médias français : les Congolais de RDC (Kinshasa) ont eu à voter il y a quelques semaines pour départager J.Kabila de JP.Bemba (cf. un post d’il y a quelques semaines). Le premier a le soutien de la communauté internationale, et est fortement soutenu dans l’est et le nord du pays. Le second fait plus peut, c’est un chef de guerre, il n’hésite pas à recourir à la violence, et est en revanche plébiscité à l’ouest du pays, et plus particulièrement à Kinshasa, entièrement acquise à sa cause.

Problème : les résultats officiels doivent être donnés dans la semaine qui vient. Cependant, comme l’annoncent les résultats provisoires, il est sur le point de perdre face à Kabila, de l’ordre de 30% contre 70%. Et de contester les résultats non proclamés, et crier à la fraude massive. Ce qui a de grandes chances d’être vrai, mais aussi de faire tomber le pays dans la guerre civile.

Bref, plus les résultats s’approchent, plus la tension monte. Samedi dernier, nous étions au travail, comme d’habitute. La veille, nous avions reçu un texto de l’ambassade de France annonçant que les Shégués (enfants des rues, mais bon, ils sont nombreux à avoir 25-30 ans…) allaient se réunir sur le Boulevard du 30 Juin (la plus grosse artère de la ville, une sorte de Champs-Élysées couleur locale), devant le siège de JP.Bemba, pour lui affirmer leur soutien.

Le samedi matin, des tirs de mitraillette ont été entendus : comme on pouvait d’y attendre, la manifestation a tourné à l’affrontement, les shégués étant bien entendu venus pour en découdre. Et puis la garde rapprochée de Bemba s’y est mise également, à tirer sur les forces régulières de la police. Quelques obus ont aussi été tirés, mais les mérites du mortier dans la dispersion de foule sont encore à prouver, et la tension n’est retombée que bien plus tard dans la journée.

Entretemps, nous avons reçu l’instruction de rester cantonnés chez nous. Certains collègues n’ont pas pu atteindre leurs appartements, qui étaient situés derrière la zone d’affrontement. De l’agence, on pouvait voir l’exode des taxis brinquebalants fuyant le centre ville… et nous avons remonté le flot des voitures, car c’est en centre-ville que nous habitons ; nos chauffeurs roulaient à tombeau ouvert, car s’arrêter peut signifier pas mal de problèmes surtout pour les blancs qui sont assimilés par la population à des américains, c'est-à-dire à des soutiens de Kabila, c'est-à-dire à des ennemis de Bemba, c'est-à-dire à des ennemis de la population Je schématise, tout le monde n’est pas hostile, mais dans ce contexte, nous n’avions pas vraiment le cœur à considérer les affinités respectives des uns et des autres.
A notre arrivée, les rues étaient désertes, et la ville semblait attendre de voir ce qui allait se passer. Le temps de fourrer quelques affaires dans un sac de voyage, nous sommes allés toujours à pleine vitesse au Beach (l’embarcadère) pour prendre notre bateau… arrivés de l’autre côté, à Brazzaville, on a pu souffler : pas vraiment eu chaud, mais au moins, en cas de coup dur, on est en sécurité.

Aujourd’hui, les informations sont les suivantes : les heurts ont fait quatre ou cinq morts, Bemba contrôle plus ou moins la ville, les gens sont à bloc et semble ne pas vouloir accepter la défaite de Bemba. De son côté, à ce que nous savons, Bemba a fait partir sa famille aux Etats-Unis, et ses voitures à Brazzaville… Cet homme semble prudent…

Bref, je suis à Brazza, j’y reste selon toute évidence pour la fin de la semaine, et pour le reste on attend de voir !
Comme je vous le disais, tout va bien, et il n’y a pas de souci à se faire pour moi, tant que les soucis restent de l’autre côté du fleuve !
Allez, je vous tiens au courant, et à bientôt !

15 novembre 2006

Des nouvelles

Voilà un petit rappel de tous les faits récents à Kinshasa et Brazzaville, pour ceux qui n’auraient pas suivi :

J’ai donc emménagé à Kinshasa il y a de cela deux mois. L’appart est cool, et la ménagère est aussi très bien, c’est une maman qui me fait aussi les courses. Un jour, je lui ai demandé de m’acheter des mangues (qui sont ici super bonnes, et encore, je ne vous parle pas des petits ananas sucrés et délicieux, si tendres, ni des avocats fondants et doux, ni… bon, je m’arrête ici, hein, mais vous voyez le topo). Donc, pour qu’elle puisse acheter des mangues, je leui donne 1.000 Francs Congo, soit un peut moins de dix francs français.

- Interlude monétaire -

Oui, alors ça c’est un des effets néfastes des monnaies locales. Comme vous le savez – ou pas – au Congo Brazza c’est le franc CFA qui a cours. Le franc CFA a l’avantage d’avoir un taux fixe avec le franc français, soit 1FF = 100 FCFA, donc on ne raisonne qu’en centimes, si vous préférez. Sauf que je m’étais bien habitué à l’euro, donc ça fait marrant de repasser en francs… Mais arrivé à Kinshasa, vous passez à deux nouvelles monnaies : la monnaie locale, c’est le Franc Congo, qui perd sa valeur à vue d’œil. Pour vous donner une idée, la plus grosse coupure en euros, ça doit être le billet de 500… et bien ici aussi. Mais 500 francs Congo valent aujourd’hui un peu moins de 1 dollar américain… donc, la seconde monnaie à circuler, c’est le dollar, qui est infiniment plus pratique pour les gros achats (ou même les petits : pour dépenser 20$, vous avez soit : un billet de 20$, soit 22 billets de 500fc !). Et là la jonglerie devient infernale : quand on a un montant en francs Congo, on doit le convertir au taux flottant en dollars, et de là le refaire passer en euros si on n’a pas trop perdu l’habitude, soit en francs français… bref, c’est abominable.

- fin de l’interlude -

Donc, je donne dix balles à ma ménagère pour trois mangues, et quand je reviens le soir, quelle n’est pas ma surprise de voir mon frigo rempli de : carottes, haricots, pommes, choux, tomates, aubergines, concombres, oignons, persil, et tout et tout. Et des mangues, aussi. Ca m’a tué, c’était tout trop bon, en plus.
Du coup, maintenant, une fois par semaine, je donne 10 francs à ma ménagère pour qu’elle me remplisse le frigo de fruits et légumes frais et a fortiori BIO !

Le second point, c’est l’arrivée à Brazzaville de Diem il y a un mois : elle a été embauchée chez Acted, en tant qu’Administratrice (ce qui dans le langage ONG équivaut à Directrice Administratrice et Financière, ou Finance Manager).
Du coup, ça améliore pas mal la vie : jusqu’à présent, j’ai passé tous mes week-ends à Brazzaville, à profiter de la ville, et surtout de la compagnie de ma charmante amie. Comme quoi, même au bout du monde, il y a certains luxes dont on ne peut se passer…
Bref, à présent, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, puisque toute la petite famille est réunie (enfin, deux personnes, quoi), et que nous allons passer le reste de notre séjour plus ou moins ensemble, suivant les aléas de nos emplois respectifs, mais disons que nous nous verrons tous les cinq jours, ce qui, vous en conviendrez avec moi, représente un net progrès par rapport à la situation qui prévalait précédemment.

Et pour ceux qui ne le sauraient pas, Diem et moi sommes depuis cet été (genre, le 3 août) officiellement fiancés, dans la joie et la bonne humeur, et pour notre plus grand plaisir ! Ca ne veut pas dire qu’on va s’habiller en noir et blanc dans un an, mais disons que ça augmente la probabilité de réalisation d’un tel événement dans le siècle à venir.

15 septembre 2006

Encore des conversations

Comme le demande à grand cri le Peuple, pour une fois qu’il veut plus que du pain et des jeux, on va l’écouter un peu, et fournir d’exotiques nouvelles du front. Qui vont prendre la forme, comme régulièrement, de petites perles de conversation congolaise…
La conversation s’est passée avec un Congolais-B, à table. Pour résumer, nous parlions d’une personne que je connaissais, avec qui il avait travaillé, et qu’il avait particulièrement appréciée. Ce type s’appelle Pierre MILIN. Action :

- ah, mais j’ai donné son nom à un de mes fils.
- Il s’appelle Pierre aussi ?
- Je l’ai appelé Pierre-Milin.
- Quoi ?
- Oui, Pierre-Milin Makenda (véridique : si vous aussi vous voulez donner mon nom à vos enfants, allez-y franco, donnez leur aussi mon nom de famille). J’ai deux garçons, tu sais.
- Ah oui ? Ils ont quel âge ?
- Quatorze mois, et dix-huit mois.
- (rapide calcul mental) Pardon ?
- Oui, quatorze et dix-huit, c’est comme ça ici au Congo. Le deuxième c’est Cardo.
- Cardo ? Ca vient d’où comme prénom ?
- Cardo ? Ben c’est pour Cardolène ! (Mais bien sûr ! Comment n’y ais-je pas pensé plus tôt ?)
- Ah ben ouais, alors.

Vérification faite avec Google, Cardolène n’est répertorié nulle part, excepté comme composant chimique de je ne sais quel produit plus chimique encore…

01 septembre 2006

Conversation...

Conversation avec la dame qui fait le ménage dans les bureaux : elle me fait une petite remarque sur mon absence, je lui dis que je suis allé chercher ma fiancée à Brazzaville :

Elle : C’est une blanche ou une noire ?
Moi : ah ben ni l’un ni l’autre.
- ah, c’est une métisse ?
- Non, elle est asiatique…
- Ah, elles sont jolies hein !
- Ah, ben oui !
- (grand sourire) Elle est bien bouffue, hein ?
- (visage perplexe) Pardon ?
- Je dis : elle est bouffue, hein ? (geste avec les mains : « elle a de grosses joues » : ça doit être un congolisme, mélange de « Bouffie » et « Joufflue », mais je ne connaissais pas…)
- Ah non, non, non ! Elle est très fine !
- Ah d’accord (air un peu triste).

Bref, les critères de beauté, comme on avait eu l’occasion de le dire plus haut, ne sont pas vraiment les mêmes en Europe et en Afrique Centrale… !

20 août 2006

Point presse

Salut à tous ! Bon, alors, pour ceux qui regardent les infos ou écoutent RFI, ils doivent se faire du souci… Donc voilà un message destiné à rassurer tout le monde : je vais bien.

Pour ceux qui ne savent pas ce qui se passe dans mon quartier, voilà un rapide briefing : des élections ont eu lieu en RDC fin juillet 2006, quand je suis venu en vacances en France en coup de vent.
Ces élections, les premières depuis l’indépendance (mais en fait il n’y avait jamais eu d’élections avant l’indépendance…) en 1960 se sont bien passées. Pour vous donner une idée, le pays est grand comme l’Europe de l’Ouest, et bénéficie de 2000km de routes goudronnées… 20 millions d’électeurs (je crois) et de très nombreux candidats à la présidence.

Parmi eux : Joseph Kabila, fils de son père, Laurent-Désiré Kabila (Lolo avait pris le pouvoir suite à la guerre civile. Quand il a été assassiné en 2001, Joseph a pris la suite… il avait 30 ans), et Jean-Claude Bemba, avec une tête de gros bébé mais toute une milice avec lui, c’est un chef de guerre qui n’a jamais reculé devant les moyens pour parvenir à ses fins. On attendait Kabila favori, et Bemba derrière. Tout ce petit monde et ce petit processus électoral était encadré par l’ONU, par le biais de la Mission d’Observation des Nations Unies au Congo, alias MONUC. Cette MONUC est placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies, ce qui l’autorise à utiliser tous les moyens nécessaires pour dissuader les groupes armés de recourir à la force. On appelle ça un mandat « musclé », comme par exemple ce n’est pas le cas au Liban. En plus de la MONUC, l’Europe a envoyé une bande de gros bras, des gars qui sont là pour taper et récupérer les expats, l’EUFOR. Ces derniers ne sont censés intervenir qu’en dernier recours ,sur demande de la MONUC, après :

1) la police congolaise
2) l’armée congolaise
3) la MONUC (17.600 hommes, quand même, hein…)

Les résultats étaient attendus pour hier soir à 21h, heure française. Cependant, des coups de feu ont été tirés, et la Commission Électorale Indépendante (CEI) a plus ou moins été assiégée. Visiblement, des dérapages isolés… Bref, le chef de la CEI a été emmené avec gilet par balle dans un blindé de la MONUC jusqu’à la télévision, pour annoncer les résultats avec deux heures de retard : Kabila = 45%, Bemba = 20%, donc un deuxième tour en perspective, prévu a priori (mais il ne faut pas trop s’y fier) pour fin octobre.

Bref, la nuit est passée… et ce matin, rebelote, au siège de Bemba, cette fois-ci. Toute la journée, des tirs ont eu lieu, entre la police, la garde présidentielle (de Kabila, actuellement au pouvoir) et les militaires soutenant Bemba. Personne ne sait au juste ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là, mais le résultat c’est qu’en fin d’après midi on tirait à l’arme lourde sur sa résidence.

Bref, c’est un peu le chaos. Pour l’instant, pas de débordement grave (cf. le site de la MONUC, et notamment cet article), l’EUFOR est déployée (à tout hasard) mais n’est pas intervenue.

Bref, c’est l’incertitude. Est-ce que Bemba va être tué ? Capturé et jugé pour complot ? Est-ce que les tirs vont s’arrêter, et tout va rentrer dans l’ordre ? Personne ne sait, peut-être que demain les choses seront plus claires.

En attendant, je ne suis pas à Kinshasa, ni même en RDC, je suis à Brazzaville, au Congo du même nom. Tout est calme ici, et nous avons prévu d’aller au restaurant ce soir. Pas trop près du fleuve tout de même, quelques balles perdues avaient fauché deux ou trois promeneurs lors des derniers « événements » de l’autre côté.

J’attends de savoir si :
1) je retourne travailler à Kinshasa car tout va bien
2) je reste travailler pour Kinshasa depuis Brazza en attendant de voir ce qui se passe
3) on arrête Kinshasa et je rentre en France (mais ça, ça me semble pas très probable, hein)

En tout cas, pas de souci pour moi, à Brazza tout va bien, les gens sont gentils, la ville est belle et la nuit est calme. Pas de risque de contagion des problèmes, ils sont trop occupés de l’autre côté pour penser à faire des ennuis ici. Les seuls choses à prévoir, en fait, ce sont les réfugiés qui ne manqueront pas d’arriver si ça tourne en guerre civile. Mais on n’en est pas là. Pas encore. Les vols à destination de la France sont maintenus, et tou va quand même comme d’habitude.

Si vous voulez des infos, je vous invite à vous brancher sur RFI, que vous pouvez écouter à Paris avec la radio, ou par internet sur leur site www.rfi.fr, et vous sélectionnez à gauche « direct : RFI Afrique », et vous en saurez autant que moi. Bien sûr, vous pouvez aussi regarder LCI, La Chaîne d’Information, possédée par Bouygues, si je me fais chopper à faire de la pub pour eux je me fais virer.

Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit, et rendez-vous à la prochaine émission !

18 avril 2006

Le mot du jour #4

Continuité de la différence – Digression – Digression – Digression – Rappel – Ministères congolais – Design congolais – Apitoiement misérabiliste – Retour au réalisme – Considérations politico-économiques – Fin abrupte et déceptive du billet


Bon, une fois n’est pas coutume, le mot du jour est une expression. Oui, je sais, depuis le début, aucun de mes mots du jour n’était un mot du jour, mais ça viendra un jour prochain, promis. Je ferai mon possible.

Cependant, le mot du jour, qui est une expression, me contraint à faire un bref passage en vous expliquant les circonstances de sa survenue (si si, le mot survenue existe). Donc, pas longtemps après mon arrivée à Brazzaville, je suis allé à Kinshasa, comme je n’ai eu de cesse de le faire depuis lors.
A ce propos, pour ceux au fond qui ne suivent pas, je suis en VIE au Congo Brazzaville, aussi appelé la République du Congo, et couramment abrégée en Congo-B. Cependant, mon boss étant le DAF de Brazzaville et Kinshasa, il ne pouvait pas s’occuper des deux de manière satisfaisante, et c’est pourquoi je travaille à plein temps sur la succursale que nous avons à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, ex-Congo Belge, ou Congo Kinshasa, couramment abrégé en RDC ou bien Congo-K. A noter pour les plus avertis que Kinshasa s’appelait par le passé Léopoldville, en l’honneur du célèbre roi des Belges. On peut imaginer qu’à l’époque, on parlait du Congo-L. Pour ceux qui trouvent tout ça un peu compliqué, n’hésitez pas à faire un tableau, voire un joli dessin schématique.

Donc, écrivais-je, je suis à Brazzaville, et mon travail est à Kinshasa. Comme certains s’en seront doutés, je fais très régulièrement les allers-retours de part et d’autre du fleuve (cf. un précédent post sur le Matadi et l’avantage d’avoir un canot rapide). Jusqu’à présent, disons que je suis quatre jours à Brazzaville, trois jours à Kinshasa par semaine. Et bien figurez-vous que tout ça va bientôt changer, puisque je vais probablement aller m’installer de l’autre côté, à Kin, pour de bon, au cours du mois de mai. On peut imagine que je ferais alors cinq jours à Kin et deux jours à Brazza, voire moins.

Soit. Revenons plus haut : j’écrivais qu’à mon arrivée à Kinshasa… et je m’étais arrêté là. Et bien à mon arrivée à Kin, je suis allé (accompagné) au Ministère du Travail. Grande expérience que cela. J’aurais bien aimé prendre des photos. Un grand bâtiment, tout plein de trous, plus de vitres à certains endroits, les murs complètement humides avec la peinture qui s’en va, les couloirs obscurs qui sentent l’urine, le mobilier de bureau qui date de piteuses années 60-70, et des étagères vides, des bureaux vides, des placards vides, des tiroirs vides.

En gros, imaginez un squat, meublé par un brocanteur, avec plein de gens derrière des bureaux, et qui attendent. Ils n’ont pas de stylos, pas de papier, pas de dossiers, et bien entendu pas d’ordinateurs. Si vous avez besoin d’imprimés administratifs, ils vous donnent avec précaution leur original, que vous devez aller photocopier à la machine du coin, pour quelques Francs Congo la copie.

Comme un naïf, je me disais « Fatche, l’Etat Congolais est vraiment à la rue, ses fonctionnaires n’ont même pas de crayons ou de papier… » mais on m’a vite ramené à la réalité africaine : les fonctionnaires se font des extras en revendant par derrière les fournitures de bureau, ce qui explique qu’il n’y ait rien au ministère. Forcément, ça explique aussi la situation économique et politique du pays, par extension. Oui, je sais, on me dira que c’est vilain de généraliser, qu’il ne faut pas tirer de conclusions comme ça… Et c’est vrai qu’au Congo-B, ça marche quand même mieux. La précarité crée toutes sortes d’habitudes qui sont autant de cercles vicieux qui empêchent le pays de s’en sortir, et qui demandent le double d’efforts pour remettre l’économie sur les rails.

Mais tout cela n’est pas ce dont je voulais vous entretenir... Et je m’aperçois que le post est déjà long, vous ne trouvez pas ? Je vous propose de remettre à plus tard la suite, comme ça, ça aère un peu le site, OK ? Merci de votre compréhension ! On parlera du mot du jour qui est une expression une prochaine fois !

11 avril 2006

La ville de tous les dangers

Ou : Pourquoi il ne faut pas faire de travaux éléctriques dans une maison qui s'éboule


Oui, le Congo c'est très dangereux ! Des maisons qui s'éboulent en pagaille, de l'électricité qui sort du robinet et des crocodiles dans la baignoire, j'ai tout eu.

Cependant, il est vrai que ce week-end a été l'occasion d'un orage tout ce qu'il y a de mémorable : des coups de tonnerre effrayants, de la pluie à torrents, et jusqu'à 1,20m d'eau dans les rues, mais heureusement les 4x4 sont hermétiques !

Du coup, c'est une belle piscine que la ville après la pluie. Je ne suis qu'à moitié étonné qu'il y ait eu des éboulements et des électrocutions. En fait, seulement 15 morts sur une ville de plusieurs millions d'habitants, c'est plutôt faible, non?

Quoi qu'il en soit, j'étais à l'hôtel ce WE, où on ne refaisait pas l'électricité (bien qu'il y ait pu y avoir quelques coupures pendant l'orage), et au troisième étage, ce qui fait que je n'ai pas été inondé, comme quelques collègues de travail qui habitent au rez-de-chaussée...

07 avril 2006

Le mot du jour #3

Caractère non négociable du mot du jour – Caractère changeant du même – Caractère onirique du même – Le mot du jour, version africaine – La loterie du calendrier – Aimé ou pas ? – Charlotte nous éloigne – Félicien et les autres – Retour de la barbue – Anecdote historique et culturelle – Retour du chauffeur – Un homme unique – Une situation étrange – Avertissement à l’attention des lecteurs – Projections.


Le mot du jour est un nom, que vous le vouliez ou non. Un nom, mais pas n’importe lequel. Un nom, comme on en a trop rarement ici. C’est le nom d’un chauffeur, que l’on a pris ici à l’essai (et qui malheureusement n’a pas été retenu). Ce nom, c’est en fait son prénom, car son nom je ne le connais pas, son prénom, donc, a tout pour faire rêver. Ici, il me faut introduire une petite pause culturelle.

J’avais entendu avant de venir en Afrique bien des choses désobligeantes sur les gens du quartier. Par exemple, et entre autres, car c’est là que je veux en venir, que la plupart étaient baptisés suivant le mot du jour, c'est-à-dire selon le saint dont on célébrait la fête. Ainsi, né le jour de la St Aimé (on ne se refait pas), j’aurais dû m’appeler Aimé, et pas autre chose, comme Charlotte, par exemple. Le fait est que je ne m’appelle par Charlotte non plus, mais cela nous éloigne du sujet. Donc, on m’avait dit ça. Et moi, je me disais « ah, vraiment, les gens aiment bien inventer n’importe quoi. » Et puis je suis parti.

Et j’arrive ici. Et les gens s’appellent, en vrac : Félicien, Ferdinand, Parfaite (la barbue dont je parlais tantôt), Faustin, Ange, Aigle (ouais, je sais, y a pas de St Aigle mais c’est quand même chelou comme nom, non ?) et ainsi de suite. Je n’ai pas personnellement rencontré de Fetnat, mais je reste persuadé que ce n’est qu’une question de temps.

Après tout, vous connaissez Bokassa ? L’ancien chef de la Centrafrique, répondait au doux prénom de Jean-Bédel. Au premier abord, on se demande un peu d’où ça peut venir… et puis on écoute la radio, et on entend l’information suivante, qui a toutes les chances d’être authentique (et qui est tellement chouette que si la vérité n’est pas celle là, c’est que la vérité se trompe) : Jean-Bédel Bokassa est né le 22 février 1921, ce qui ne vous dit peut-être rien, mais c’est le jour de la Saint Jean-Baptiste de la Salle, souvent abrégée sur les calendriers en « St Jean-B d. L. », ce qui donne, si vous le prononcez à haute voix : Jean-Bédéhel. Il n’y a qu’un pas, que ses parents ne se sont pas gardés de franchir, jusqu’au prénom du regrettable individu.

Donc, ici, si vous voulez faire original, il faut vous lever tôt, parce que ça invente sévère avec les prénoms. Et le meilleur exemple, si vous vous en souvenez bien, c’est celui dont je parlais au début : la justification de mon post, finalement. Et bien ce chauffeur, justement, n’a pas un prénom de calendrier. Ce chauffeur est probablement le seul homme à porter son prénom dans le pays. Et probablement sur terre, à l’heure qu’il est. Ce chauffeur, c’est Georges Pompidou. Juré, c’est son prénom. Notre chauffeur a été Georges Pompidou, pendant une semaine. Mais Georges Pompidou n’a pas été à la hauteur. Nous n’avons donc pas prolongé le contrat de Georges Pompidou. Georges Pompidou est probablement parti vers un destin plus glorieux que celui de chauffeur. Il ne faudrait quand même pas que Georges Pompidou fasse de la politique, ça ferait désordre, non ? Peut-être, avec un autre prénom, aurait-il pu. La faute à ses parents, finalement.

La morale à tirer de tout cela ? Et bien, c’est que quand vous aurez des bébés ou autres, il ne faudra pas les appeler Ségolène-Royal Colombain, Jacques-Chirac Chaperon ou bien Georges-W-Bush Butty. Ce serait grandement les handicaper par la suite…

27 mars 2006

Le mot du jour #2

Recouvrement éventuel des concepts – élément manquants – éléments fournis – éléments fournis manquants – zeugma pour les lecteurs avertis – universalité de Rome – sens caché du mot du jour – succession regrettable des surprises – poules d’attelage – dos d'âne - de chameau - de stégosaure – caractère littéraire du reste


Le mot du jour sera aujourd’hui une expression. Pour ceux que cela chagrine, ils pourront toujours se dire qu’il s’agit de l’expression du jour. Pour ceux que cela indiffère : soit.

Et ce mot qui est une expression c’est connaître la route. Ce qui ici est tout un programme. A mon arrivée à Brazzaville, je n’avais : a) pas de voiture, b) pas de permis, c) pas de chauffeur, d) de connaissance de la ville. Ainsi, j’en étais réduit à demander un peu pour pouvoir sortir. Mais cet état ne dura pas, car rapidement on m’accorda : a) une voiture, que je laisse cependant à la disposition de l’agence au cours de la journée, mais qui est mienne quoi qu’il advienne soirs et week-ends, b) un permis de conduire congolais, ce qui ne change rien mais augmente un peu la conformité aux règles, c) un chauffeur en journée, car il faut ce qu’il faut.
Tout lecteur attentif notera qu’il manque un point, à savoir le point d), qui stipule la connaissance de la ville.
Et comme c’est en mouchant qu’on devient moucheron, j’ai pris mon courage et le volant à deux mains, et je me suis lancé dans la ville. Finalement, pas trop de mal à me souvenir des rues à emprunter, des routes à prendre et des impasses à éviter. Brazzaville est une petite ville, et on a vite fait de connaître les chemins qui mènent aux Romes locales.

Le plus inattendu, à vrai dire, et ce que signifie réellement ici connaître la route, ce n’est pas avoir le plan de la ville en tête, mais bien plutôt connaître l’état de la chaussée sur laquelle on circule. Ainsi, à la surprise de voir toutes les voitures devant soit se placer au milieu de la chaussée avec une détermination qui force le respect, cède bientôt la surprise de sentir la monstrueuse ornière dans laquelle on a commis l’imprudence de placer sa roue… Et la prochaine fois, on se décalera.
La ville entière est comme ça, le goudron a très souvent cédé par endroits, et laisse apparaître des trous profonds de dix à vingt centimètres, ce qui n’est pas rien, que l’on pourrait appeler nids de poule si on avait en tête des poules bien préhistoriques de cinquante centimètres au garrot, des poules d’attelage en quelque sorte.

Car connaître la route, c’est pouvoir rouler vite sans craindre de casser un essieu dans une crevasse de la chaussée, et surtout, c’est savoir sont les creux (et également où sont les bosses), les dos d’âne, les dos de chameau, les dos de stégosaure. Une fois cette connaissance acquise, la géographie des lieux vient toute seule, et l’on sait également quel chemin emprunter pour se rendre à destination. Et le reste n’est que littérature.

20 mars 2006

Le mot du jour #1

Grandeur de la cuisine française - Essence du cuisinier - Comportement dangereux du cuisinier - L'audace punie - Indifférence du puni - Conséquences fâcheuses de l'audace - Comportement prudent face à l'inconnu - Conséquences bénéfiques de l'audace


Il va sans dire que dans le monde entier rayonne la Grandeur de la cuisine Française. Elle constitue partout la référence culinaire indépassable et l'idéal à atteindre pour tout cuisinier désireux de s'accomplir dans son essence.

Cependant, ici, certains s'aventurent sur les rives dangereuses des coutumes gastronomiques d'autres horizons... Bien mal leur en prend ! Ils sont châtiés dans les grandes largeurs, et la honte qui s'ébat sur eux n'a d'égale que l'indifférence avec laquelle ils l'accueillent !

J'en veux pour preuve le mot du jour, trouvé sur le menu du restaurant Chef David, le pizzaiolo le plus courru de la ville, oeuvrant avec ce que je pense être le seul four à pizza au feu de bois de la ville. Ce jeune homme a songé à produire à Brazzaville de la cuisine Italienne, qui, bien qu'elle ne surpasse pas la cuisine française, a au moins la qualité de ne pas lui être trop inférieure. Et donc, outre les pizzas (au demeurant très bonnes), Chef David nous propose un assortiment de plats exotiques, c'est à dire des pâtes. Et parmi ces pâtes, figurent en bonne position ses désormais fameux Spaghetti Boulonaise. Je n'ose imaginer les écrous et autre quincaillerie que notre ami Chef David a l'audace de mettre dans sa recette, peut-être se contente-t-il d'y incorporer de la sauce bolognaise. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas eu la témérité d'en commander une assiette. Je doute qu'il en vende souvent.

Mais je lui sais gré de m'avoir fourni la matière pour une nouvelle chronique toujours plus fascinante à destination de ce site. Bientôt de nouvelles photos en ligne, si le temps le permet.

16 mars 2006

La vie est dure sous les Tropiques...

Quand d'autres s'habillent chaudement pour aller dans le blizard, je reste en petite chemise, manches remontées et mon bronzage commence à témoigner du caractère africain du Congo. Je ne suis pas encore couleur locale, mais les traversées régulières entre Brazzaville (Congo tout court) et Kinshasa (République Démocratique du Congo) auront bientôt raison de ma pâleur européenne...

D'ailleurs, la traversée, parlons-en. C'est un peu une aventure en soi, comme finalement tout ce qu'on peut avoir envie d'entreprendre ici : traverser le fleuve ? Aventure. Prendre le volant ? Aventure. Goûter un plat local ? Aventure. Bref, c'est Indiana Jones au quotidien, je risque ma vie ici, vous savez.

Bon personne n'est dupe, je ne risque rien, mais bon. J'en étais à la traversée avant d'être interrompu par le volant et le plat local. Donc la traversée, c'est 10mn de hors-bord sur le Fleuve Congo, entre les deux "Beachs" comme on dit ici pour désigner les embarcadères. Ah, la beauté de la langue locale.

Eh bien pour traverser, il y a plusieurs options : soit on prend le Matadi, et là, quand je parlais d'aventure tout à l'heure, le mot prend tout son sens. Le Matadi, c'est l'esprit du Congo en un bateau. Les photos parlent d'elles-mêmes, mais je vais les aider : une grande barge (qui a dû être un ferry dans les années 50) remplie à ras-bord de gens (et ras-bord veut vraiment dire ras-bord : les gens accrochés depuis l'extérieur au hublots, sur le toit, partout. Et quand le bateau arrive au beach, une bonne partie des passagers saute à la flotte, pour éviter les longues attentes à la douane, et surtout les équipes de douaniers qui n'aiment pas la contrebande...). En plus, une très grande partie des passagers constituée par des handicapés de Kinshasa. Pourquoi? me direz-vous. Et bien je vais vous répondre. C'est parce qu'à Kin, les handicapés sont exemptés de droits de douane pour tout ce qu'ils arrivent à prendre sur eux. Donc, ils ont de petits tricycles qu'ils font avancer avec un pédalier à main, et deux ou trois gars qui poussent. Les gars n'ont rien le droit de porter, mais ils peuvent pousser à loisir. Ce qui fait des handicapés les rois du beach de Kin, les meilleurs commerçants du fleuve, les pires contrebandiers de la frontière, et en conséquences de tous ces titres, la plus grosse mafia de RDC. Mafia au sens strict. Du coup, ils se font un peu "chicoter" par les policiers des beachs, c'est à dire que les flics ont des sortes de matraques du type tuyau d'arrosage, et qu'ils s'en servent. Mais c'est de bonne guerre.

Pour ceux qui ont suivi jusque-là, vous vous souvenez que j'avais suggéré un moyen d'éviter le Matadi. Ce moyen, c'est le "canot privé", à savoir un petit hors-bord qui nous attend régulièrement à un beach ou un autre, avec un pilote, et on fait la traversée en 10mn, quand il faut probablement une heure avec le Matadi. Et encore, je ne vous parle pas des formalités frontalières : nous avons un "protocole" (un type qui passe sa journée à nous faciliter l'administration, les formalités de douane, à préparer les papier, et finalement à nous simplifier la vie), et du coup on ne passe que quelques secondes à passer de l'embarcadère à l'extérieur du port.

Ce qui est bien.

Enfin, j'ai mis dans la galerie quelques photos autres que celles du Matadi, mais je vais pas non plus faire des liens pour toutes les images. Vous êtes grands, prenez-vous en charge. Je vais essayer de mettre des photos de Kinshasa, mais c'est difficile d'en prendre parce que c'est de l'ordre du pas autorisé. Un peu comme l'interdit. En parlant de photos, je les prends avec une qualité assez pourrie, car c'est avec mon téléphone portable. C'est plus discret, et au moins ça prend pas beaucoup de place? A l'avenir, je vais essayer de plus prendre mon appareil photo normal. On verra.

J'avais encore d'autres trucs à dire, mais le post est déjà un peu long pour l'attention des lecteurs modernes (ah, la génération zapping !) donc ça sera pour une prochaine fois.

15 février 2006

Premières nouvelles de l'Afrique !

Je suis bien arrivé à Brazzaville...

Voilà un petit aperçu de la vie ici :

Tout d'abord, il faut beau et chaud : entre 25 et 30 degrés, un grand soleil, la bonne température, quoi. Une petite brise qui descend le fleuve aère un peu la ville. Brazzaville est très belle, beaucoup de verdure et d'arbres (on dirait que tout ce qui touche le sol se met à pousser), des maisons basses, et le centre ville est un peu marqué par la guerre civile qui a eu lieu il y a quelques années. Aujourd'hui le pays va mieux, petit à petit tout se reconstruit, il reste encore pas mal à faire, mais en tout cas les quartiers européens de la ville sont vraiment agréables.

Ce week-end, avec d'autres personnes, nous sommes allés sur une île en dehors de Brazza, au milieu du fleuve Congo. Baignade, foot sur la plage, sieste à l'ombre des palmiers, et toujours la bonne température... le pied, quoi.

Ah, et dire que ça va être comme ça pendant un an et demie !

Mais la vie au Congo a d'autres aspects : étant donné qu'il n'y a pas grand chose à faire le soir (pas de ciné, pas de concerts, etc.) les gens passent beaucoup plus de temps au travail. Et comme la journée est chaude, on commence aussi plus tôt. Résultat, les horaires c'est 7h30-12h, 14h-20h... soit de belles journées de 12h30 !

Mais bon, on n'est pas non plus productifs à 100% tout du long, mais c'est quand même beaucoup.

Les congolais sont vraiment gentils, et on découvre tous les jours de nouvelles choses : une des filles qui travaille au bureau à une barbe au menton un truc assez choquant. Je pensais qu'elle avait un problème et qu'elle ne pouvait rien faire (mais bon, elle aurait pu se raser) mais en fait ici on m'a expliqué que les gars trouvaient ça sexy, et que beaucoup de femme aimeraient avoir une barbiche comme elle. Donc, si vous aimez la barbasse, c'est ici qu'il faut venir, comme indiqué dans l'article de ce lien.

Sinon : on mange bien, je suis pour l'instant installé dans un appart au dessus du bureau, et dans quelques temps j'irai emménager dans une maison, mais il faut tout d'abord que l'entreprise la meuble car pour l'instant il n'y a rien dedans. J'imagine que j'aurais une personne pour garder la maison et faire à manger. En attendant, je suis donc à mon boulot, et il y a un chauffeur qui m'emmène en ville quand j'en ai besoin. Il est un peu hors de question de conduire ici dans l'immédiat. Le code de la route ici c'est pas la peine d'y penser. Les gens se doublent en centre ville, utilisent plus leur klaxon que leurs clignotants, et les voitures sont des déchets à ne pas imaginer. On s'en fout, nous on a des gros 4x4, car les routes sont bien sûr défoncées : même en centre ville, il y a des nids de poule de 20cm en plein milieu du goudron !

Voilà, vous avez donc un bon aperçu de ce qu'est mon quotidien ici pour cette première semaine, je vous mets quelques photos en pièces jointes, c'est mon quartier, l'île sur laquelle j'étais ce week-end, et deux trois vues de la ville.

Pour ceux qui ont envie, vous pouvez me joindre au téléphone avec Télérabais : si vous appelez depuis un poste fixe le 0811.310.310, que vous composez mon numéro de téléphone : (00242 pour le Congo) 560.60.50, vous payez au tarif local ! La vie est belle.

02 février 2006

Les réponses

Tout vient à point, et j'ai donc eu les réponses qu'il me fallait : un dressing code "light" au bureau, Dieu merci pas de cravatte, sauf pour le 14 juillet (pour les réceptions de l'ambassadeur).
Et à tous ceux qui souhaitent briller en société : les prises congolaises ne nécessitent pas d'adaptateur.
Comme quoi, on en apprend tous les jours.

J-5

Il gèle à Paris, il neige à Lyon.
Et aujourd'hui, à Brazzaville, c'est Couvert, bruines ou pluies et 31°C, soit une température bien chaude pour la saison des pluies. Pas de vent, ou si peu.
Pas de statistiques sur l'humidité règnante, mais je soupçonne un climat bien moite...

La valise n'est pas encore prête, mais quelques questions restent encore en suspens : combien de chemises ? et faudra-t-il une cravatte ? La vie est dure, parfois.