27 mars 2007

Lord of War

OK, pas d'affolement, j'ai survécu.
C'était chaud, je vous dis que ça. Une p*tain guerre dans mon jardin. Avec les kalach' (on en parlait, tiens !) les cannons, les mortiers, les RPG.
C'était counter-strike dans me rue.
Je vais raconter ça en détail dans quelques temps, juste pour moi celui de coucher tout ça dans l'ordre.
D'ici là, profitez des banlieues et des voitures brûlées, c'est bon-enfant....

21 mars 2007

Communiqué de l'Ambassade de France

"Un regain de tension est perceptible aux abords de la cour suprême.
Des renforts MONUC sont en train de se déployer pour s'interposer.
Il est fortement recommandé d'éviter toute circulation dans ce quartier jusqu'à nouvel ordre."

Juste une journée de plus en RDC...

En fait la situation est la suivante : il était prévu qu'à l'issue des élections, les candidats perdants se séparent de leur garde rapprochée (qu'on appellerait ailleurs "milice"), et confient leur sécurité à des gardes du corps prêtés par l'Etat, des policiers.
Cependant, les ex-VP Bemba et Ruberwa ("ex-VP" car pendant la transition démocratique ils étaient 4 à avoir le titre de VP - Vice Président, le Président étant Kabila - la structure étant désignée sous l'appellation "4+1") ne souhaitent pas se séparer de leurs hommes fidèles - et surtout lourdement armés.
Ruberwa a jugé la demande de démantèlement "prématurée", quand Bemba l'a qualifiée "d'inacceptable". Cependant, la date limite avait été fixée de longue date au 15 mars, et aujourd'hui, on voit encore les miliciens postés devant la résidence de Bemba et devant ses bureaux.

La tension provient du fait que la police et l'armée se sont installés exactement en face, et qu'ils passent la journée à se chauffer et à s'insulter. D'où le déploiement de la Monuc.

Il vaut mieux ne pas traîner le soir dans le quartier : un collègue a dû rebrousser chemin en toute hâte vers la Cour Suprême, sous la pression subtile des kalachnikovs nerveuses.
Le Boulevard du 30 Juin est aussi une zone de tension, puisque de chaque côté de l'axe principal de Kinshasa se trouvent également des miliciens, des militaires, et la Monuc au beau milieu.
La dernière nouvelle sur le site de la Monuc est ici (je vous incite à y jeter un oeil), et rappelle le bon vieux temps...
La crise n'est pas encore finie, mais c'est quand même mieux qu'il y a quelques mois...

16 mars 2007

Kalachnikov

Ca n'étonnera probablement personne, on voit des armes à tous les coins de rue, ici. Et, surtout, des Kalachnikov.

Bien entendu, comme tout le monde le sait déjà, depuis Lord of War ou même avant, la Kalachnikov reste ce qui se fait de mieux, en terme de rapport qualité/prix, sur le marché. Et ce n'est pas un hasard si, dans une région ayant connu tant et tant de guerres civiles et de régimes militaires si on les trouve en masse, jusqu'à représenter 60% des armes légères en circulation...

Sachant que le prix oscille ici entre 9 et 33$ (non je n'en rapporterai pour personne en Mai : ce n'est pas autorisé en cabine), on comprend que tout le monde en soit équipé : rebelles, armées, milices, polices...

Et donc, chaque jour, on voit ces armes portées par un peu tout le monde. Au début, on peut trouver ça un peu anxiogène, mais on s'y fait vite : les armes de la Monuc sont plus grosses (des M16 ou autres), et l'armée dispose aussi d'automitrailleuses assez impressionnantes, et également de lance-roquettes peu discrets. La Kalachnikov, c'est un peu de l'ordre du jouet.

Par ailleurs, comme le pays n'est pas très sûr, l'Etat congolais "loue" la police aux entreprises qui en font la demande : on voit donc des policiers armés d'AK-47 devant les supermarchés, les banques, et il y en a cinq ou six que je salue chaque matin en passant la grille de l'endroit ou je travaille.

Alors on s'y fait, et on essaie de ne pas avoir l'air terrifié quand le policier qui vous ouvre la porte à la banque fait malencontreusement tomber sa Kalach' dans un grand bruit sur le ciment. Pas de coup tiré, tout va bien. Ca donne lieu à quelques scènes un brin surréaliste, comme sur la photo plus bas...

Dimanche dernier, un orage phénoménal (càd : comme tous les deux jours) s'est abattu sur Kinshasa quand je sortais du supermarché. Nous étions plusieurs à attendre une accalmie pour regagner nos voitures : un "casque bleu" (enfin, plutôt une "casquette bleu") avec son gun, des gens, et bien entendu, le tout sous l'oeil du policier en faction. Serviable, d'ailleurs, ce policier, qui s'est précipité, la Kalachnikov sous le bras, pour aller porter son parasol bariolé vers une grosse dame qui descendait de sa voiture.

Moi, j'aurais été une grosse dame, j'aurais pas été rassurée. Mais bon, elle est descendue quand même. Il n'a pas fait tomber son arme. Et la pluie a continué.

15 mars 2007

Salongo

Ce matin, j'ai tenté d'aller régler quelques formalités à la Direction des Grandes Entreprises, dépendant de la Direction Générale des Impôts.
D'habitude, je sors dans l'après-midi, et c'est un peu le chaos dans la circulation sur le Boulevard du 30 Juin (principale artère de Kinshasa).
Aujourd'hui, je suis sorti le matin, et, curieusement, (presque) personne dans les rues, trafic fluide, le bonheur.
Mais, en arrivant aux Impôts, même image : trafic fluide, et personne dans les couloirs, ni dans les bureaux d'ailleurs. Mon chauffeur m'a donné l'explication du mystère : aujourd'hui, comme tous les jeudis matin, c'est "salongo".

Salongo, c'est un terme de l'époque Mobutu, qui avait instauré cette règle. Tous les jeudis matins, toutes les personnes ne travaillant pas dans les entreprises (les petits commerçants, les vendeurs de rue, les inactifs, etc) devaient rester dans leur quartier et participer à l'entretien du pays : balayer la rue (ah oui, ici la rue se balaye, la route aussi, c'est très impressionnant, mais assez peu efficace...), vider les tas d'ordures, etc.
Les gens avaient tendance à bien respecter cette règle, puisque les patrouilles de police embarquaient systématiquement ceux qui ne participaient pas à l'euphorie du ménage collectif.
Quelques guerres plus tard, et Mobutu en moins, salongo a été abandonné, mais le jeudi matin reste le jour où la ville est nettoyée, par les entreprises de la voirie, sauf que les gens avaient pris l'habitude de ne pas venir au travail, et ont donc continué.

Visiblement, avec cet ancien système, et malgré son aspect contraignant, il semblerait que la ville ait été bien plus propre à l'époque. Ce qui n'est pas difficile à croire. L'idée qu'une matinée par semaine, tout le monde se retrouve dans la rue pour entretenir le pays a un petit côté "communisme idéal" qui réjouit. On n'essaiera cependant pas d'imaginer ce que cette mesure pouvait coûter en PIB chaque année...

Et pour ce qui est de l'absentéisme, j'ai eu l'occasion de sortir le matin d'autres jours de la semaine, et le tableau est le même... Salongo ou pas, j'ai plutôt tendance à croire que les gens ne se mettent à travailler que l'après-midi, de manière générale. Ce qui est une bonne idée, puisque la plupart des entreprises et administrations cessent le travail à 15h30.

Mais pourquoi il n'y a que les expats à faire du 7h30 - 19h30 ?!

08 mars 2007

La phrase du jour

Lu dans un livre : "ce pays a bien plus de problèmes qu'il n'y a de citoyens en mesure de les résoudre..."
C'est bizarre, ça parlait de l'Ukraine, mais ça sonne familier...

Et aussi : c'est dommage que d'une certaine manière, je ne puisse pas tout écrire ici, il y a tellement de choses sidérantes qui peuvent avoir cours en RDC...
Je vous raconterai quand je vous verrai, et vous comprendrez ce qu'on peut entendre par "Far West" en parlant d'un pays...

07 mars 2007

Week-end in Mumbai

Au supermarché, on peut trouver un peu de tout... qu'on aille chez les libanais ou les portugais, les articles viennent à peu près toujours de Chine (sauf la nourriture, mais on y viendra probablement tôt ou tard).
Et parfois, au détour d'un rayon, on tombe sur une étrange installation, qui pourrait bien avoir eu sa place à la Biennale d'Art Contemporain de Lyon, ou d'ailleurs.
Celle-là, par exemple, pourrait très bien avoir eu la notice qui va avec :


"Week-end in Mumbai" (2005)
Lars Söhnstroem (Suède)

L'oeuvre de Lars Söhnstroem s'inscrit dans une critique radicale du libéral-colonialisme occidental. Par ses installations audacieuses, d'où l'humour n'est jamais totalement absent, il brosse un tableau sombre de la société moderne, mettant en exergue les conséquences désastreuses de l'inconscience des dirigeants du Nord.
Dans "Week-end in Mumbai", Söhnstroem ouvre une réflexion sur la place de l'enfant dans la société, et plus précisément de son rapport à la nature dans un monde sur-urbanisé. L'installation suggère le malaise d'une société où l'absence d'écureuils se fait particulièrement cruelle.
Comme à son habitude, Söhnstroem nous place en face de nos contradictions, pour mieux nous proposer un changement de Weltanschauung comme solution éphémère.

03 mars 2007

La conduite à Kinshasa

Entre la maison et le travail, il n'y a pas trente-six itinéraires, il n'y en a qu'un. Une grande route étroite, sur les bords de laquelle on trouve :
- à gauche, les différents "beach", ports de commerce plus ou moins bien équipés, dont le fameux Beach Onatra, qui sert au passage des personnes entre Kinshasa et Brazzaville
- à droite, des tas de vendeurs qui proposent leurs marchandises comme sur toutes les routes et rues de la ville
Et bien entendu, au milieu, des dizaines de caristes, poussant avec une difficulté non feinte leurs brouettes de fortune surchargées (probablement plusieurs centaines de kilos) pour un salaire de misère.

Et étant donné la vétusté du parc automobile du pays, il n'est pas rare que la route soit complètement bouchée par un accident (annoncé par des branchages sur la chaussée 10m avant) ou une panne.

Et l'autre matin, c'était un accident... un peu difficile à comprendre. Probablement un dépassement qui a mal fini, mais il est vraisemblable que les intentions du minibus resteront à jamais inconnues.
J'ai pu prendre deux photos, qui illustrent à merveille l'adage bien connu : "Ne regarde pas la paille dans l'oeil de ton voisin, mais plutôt la grume qui est dans le tien..."


Organisation et persévérance...

... viennent à bout de bien des obstacles.



En effet, et contre toute attente, voilà le résultat d'une soirée que j'avais dédiée à me coucher tôt, et qui finalement m'a coûté un peu de sommeil.
Mais... la satisfaction de l'achèvement vaut bien deux bonnes heures de détente !

01 mars 2007

La musique du moment

C'est tout simplement un bon vieux titre (1999... bientôt 10 ans !) de Madison Avenue, dont on a déjà entendu la basse, piquée et repiquée à l'italien d'en bas...

Et ça s'écoute où ? Ici !



Et pour les puristes, on peut toujours écouter Pino d'Angio, en 1980...



Et voilà !