05 décembre 2007

Voyages voyages - 2 - Vers Addis

L'aéroport de Buja est minuscule. Mais il est très joli. Ses architectes ont probablement voulu faire un lieu agréable et aéré, c'est réussi. Pas de murs, uniquement des vitres, y compris entre les bâtiments et l'extérieur, et encore, les vitres ne couvrent pas toute la surface, un jour de 50cm laisse passer une douce brise par dessus chaque panneau...
La structure en elle-même fait plus penser à des oeufs posés côte à côte, mais cela ne fait que rajouter au charme de l'aéroport qui reste le préféré de ceux que j'ai pu visiter.

Je monde dans l'avion d'Ethiopian Airways (contrairement à ce que vous pensez, c'est une des meilleures compagnies africaines, avec Kenya et South African Airways). Il n'en reste pas moins que certain gilets de sauvetage traînent par terre.
On décole, et l'avion survole les belles colines verdoyantes du Burundi, puis du Rwanda. Je reconnais l'approche de Kigali par la rivière qui serpente sur des kilomètres de lacets.

J'avais pris deux livres pour le voyage. Les deux étaient terminés peu après le redécollage du Rwanda. Le reste du trajet promet d'être long...

Voyages voyages - 1 - Intro

La semaine dernière, je suis parti en séminaire.
A Ouagadougou, au Burkina Faso.
De l'autre côté de l'Afrique.
C'est à dire que pour m'y rendre, je suis parti le samedi midi, et j'ai fait : Bujumbura - Kigali - Addis-Abeba (dodo) - Lomé - Accra - Abidjan (dodo) - Ouagadougou. Arrivée le lundi midi, défracté. Deux jours et demie de séminaire plus tard, rebelotte, en sens inverse. Départ le jeudi midi, arrivée le samedi midi. Super semaine.

Cepoendant, tout n'était pas catastrophique : j'ai quand même eu quelques grands moments, qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
Ils font l'objet des post suivants...

04 décembre 2007

Départ

Evidemment, il fallait une journaliste pour révéler ce qui pour l'instant n'était que rumeur...
Nous partons, effectivement, d'ici quelques temps (dans deux heures pour ma chère et tendre, dans 46 pour moi), pour une autre destination.
Farewell Burundi, et à nous la Centrafrique ! Nous partons nous installer à Bangui ! Pour ceux que cela intrigue, une succession de hasards et de problèmes font que la société pour laquelle je travaille a besoin de quelqu'un là-bas très urgemment, et que je suis la personne la plus disponible.
Donc, un petit pas nous rapprochera de la France, puisque l'Oubangui coule au nord de l'équateur, et qu'Air France maintient une ligne directe vers Paris une fois par semaine.
Oubliez donc si vous en aviez prévues des vacances sur les bord du Tanganyika, on les remet à plus tard. Ce qui n'est pas plus mal, si l'on considère les dernières vagues de criminalité armée que connaît la capitale.
Et pour terminer de vous rassurer, je quitte donc cette "région des Grands Lacs", qui pour l'instant ressemble plus à la "poudrière des Balkans" puissance 250. Un peu de calme nous fera du bien.
Bref, je passe à Paris pour une ou deux journées, mais j'ai peur que les quelques heures françaises dont je dispose ne me permettent de voir qui que ce soit. Stand-by, donc, et les plus motivés ont mon téléphone.

23 novembre 2007

Soirée Prestige

Forcément, on voit les éclairs et le courant commence à sauter, alors on se dit que l’un de ces fichus orages tropicaux s’approche, et on sort rapprocher la voiture, pour ne pas avoir à se mouiller au moment de partir à la maison.

Mais voilà, la pluie, ici, non contente d’être particulièrement violente, est aussi spécialement rapide. Alors je cherche ma voiture parmi la quinzaine garée sur le parking, et j’entends déjà les énormes gouttes sur le toit du hangar à 15 mètres. Le cœur s’accélère : où donc est-elle garée ? (la question intérieure est moins soignée, mais exprime sans détour mon exaspération : je vous la fais soft) Et je vois les flaques à cinq mètre se troubler, et le bruit se rapproche… Je trouve la voiture, je me précipite : trop tard… en cinq secondes, ma fine chemise est gorgée de sept litres d’eau fraîche (ce qui n’est cependant pas sans mettre en valeur mon torse musclé…).

Le temps d’arriver à la voiture, et de me dire que j’ai déjà pris plus de pluie que si j’avais simplement couru depuis mon bureau au moment de partir, mes vêtements sont saturés, et c’est d’un pas tranquille que je retourne vers les locaux, certain que la partie liquide de ma masse n’augmentera plus.

A présent, l’orage vient de se calmer, et je ruisselle sur mon siège, en me disant que, finalement, c’est déjà ça de gagné sur la douche de ce soir.

L'autre bon côté des choses, c’est que ce soir, l’Ambassade nous invite à la soirée "Beaujolais Nouveau" qui, si l’on en croit le prospectus, est cette année « spécial Confit de Canard », avec DJ Walter pour l'ambiance sonore. Je ne sais pas qui a planifié tout ça, mais à côté du "buffet de charcuterie géant", m'est avis qu'il y a complot.
Les soirées de l’ambassadeur ne sont décidément plus ce qu’elles étaient, niveau prestige. Bref, je vais pas tarder non plus, on est à la table du Consul...

01 octobre 2007

Week-end en ballade

Nous avons profité de ce dernier week-end avant le prochain pour aller faire un petit tour à l'extérieur du pays.
Tout d'abord, quitter Bujumbura : à peu près une demi-heure pour grimper dans les collines, et passer de l'altitude du lac, soit 800m, aux 1800m des hauteurs avoisinantes. Arrivé à Bugarama, les route serpente entre les collines, avec d'impressionnantes vues sur les flancs escarpés, et pourtant couverts de cultures. Des fumées d'élèvent ça et là, où l'on prépare le repas, et plus souvent où l'on cuit la brique. La brique est partout, au Burundi.
Puis, 1h30 de trajet ur une belle route bitumée, pour arriver à Kirundo, là où commence la piste. Petite visite des installations, et on continue sur la piste en latérite (c'est à dire une terre poussiéreuse rouge très compacte, sur laquelle on peut rouler jusqu'à 100km/h, en soulevant un incroyable nuage terreux très photogénique) jusqu'à la frontière Burundi / Rwanda, à Muyinga.

Le passage de la frontière rappelle un tas de films pêle-mêle : des westerns, pour les villages en bordure de route, désertiques à souhait, avec le vent qui pousse les herbes et fait tourbillonner la poussière, et puis ces films d'Afrique, avec les policiers terreux, dans des bureaux nus et pourtant sales, qui remplissent des registres d'entrée-sorties, et le bruit des insectes qui volent en bourdonnant... Pas de photos de ces instants (frontière oblige), mais des souvenirs.

Et puis, encore une heure de chemin plus tard, c'est l'arrivée à Kigali.

Là, soyons clairs : tout le monde a en tête les événements des années 90 (entendre : "génocide"), un pays en ruine, dangereux, tout sauf une destination de vacances. Détrompez-vous. Aussi étrange que celui puisse être, le Rwanda est aujourd'hui un des pays les plus sûrs en Afrique. Le gouvernement n'est pas particulièrement contesté, les crimes ethniques ne sont certainement pas effacés ni oubliés, mais la paix règne, et le développement est là : des constructions dans tous les sens, une ville propre et terriblement organisée, une population civique et méticuleuse, tout cela donne un peu le sentiment d'être en Europe.

Qu'on ne s'y trompe cependant pas : certaines tensions existent, et la pauvreté et le sida font encore de terribles ravages. Le Rwanda reste un pays pauvre, mais de tous, il est probablement parmi les mieux partis pour s'en sortir.
L'avenir nous dira ce qu'il en est, mais nous sommes rentrés à Bujumbura avec le sentiment d'être pour quelques heures sortis de l'Afrique, ou du moins celle qui ressemble au chaos de Kinshasa ou à la saleté de Brazzaville.

Et après une nuit à l'hôtel, nous avons repris le chemin inverse, avec un petit air de nous-y-reviendrons. Frontière de carton, piste cahoteuse, et vertes collines, la maison avait le parfum du frangipanier quand nous sommes arrivés.

25 septembre 2007

Buja Connection

Curieusement, l'Afrique technologique est assez déséquilibrée... Ainsi, en changeant de pays (et même par rapport à la France), on trouve des écarts surprenants.
Exemples.

- à Kinshasa le téléphone portable passait impeccablement
- A Bujumbura, suivant le sens du vent, on capte, ou pas. Et au bureau, nous devons sortir dans le jardin pour passer les appels...

- Internet à Kinshasa est hors de prix. Ou plutôt, disons que c'est cher. Il n'y a jamais eu de réseau téléphonique fixe (ou très épisodiquement : les numéros fixes ont six chiffres...), et pour avoir internet, il faut passer par le Wi-max : une sorte de wi-fi à l'échelle de la ville. Un débit moyen, mais une couverture importante. Seul détail, le modem coût 1000 USD, et l'abonnement est à 150$/mois...
- A Bujumbura, nous sommes mieux lotis qu'en France ! L'internet mobile, c'est la réalité... (ou presque). Ainsi, comme on le voit sur la photo, un petit modem 3G (130USD) branché en USB, permet, pour à peu près 1$ de l'heure, de surfer depuis n'importe où, pourvu que la zone soit couverte par le réseau GSM. Et c'est mieux qu'en France : pas besoin d'avoir un hotspot wi-fi dans le quartier ! Bon, c'est vrai c'est payant, mais à ce prix là, ça va. Et le débit est très correct.

Pour info, le modem est de fabrication chinoise, marque Huawei, et marche probablement en France. Il y a même de la place pour une Sim.

15 septembre 2007

"Après un long égarement, le retour"

Yes ! C'est fait, je suis à présent bine installé au Burundi.
N'étant plus seul, j'ai donc pris sur moi de quitter l'hôtel (par ailleurs charmant) où j'étais logé, et de chercher une habitation plus décente.
Et après un peu de recherche et beaucoup de rebondissements (sans lesquels la vie en Afrique perdrait certainement beaucoup de son sel), nous avons trouvé une petite villa (ici, cela veut tout simplement dire "maison")... Dans un quartier tranquille de Bujumbura, et pour le prix d'un petit studio parisien, nous avons maintenant trois chambres et un grand jardin plein de fleurs, un grand salon rempli de fauteuils moelleux, et deux terrasses pour prendre l'air en fin de journée.
La belle vie, enfin.
D'ici peu, je posterai quelques photos de la région, et de la maison, mais d'ici là, salut !

05 juillet 2007

Le programme effrayant des jours à venir

J'en sais à présent un peu plus sur mon émigration vers le Burundi (ils ont un Ministère de l'Identité Nationale là-bas ?). Les choses sont un peu compliquées, car ce changement arrive en plein dans une période charnière au travail, et il faut un peu concilier toutes les personnes à qui je vais manquer.
Bien entendu, dit comme ça, c'est plutôt agréable à entendre. Une reformulation serait plus juste : toutes les personnes à qui mon travail va faire défaut. Bref, il faut également que je passe une visite médicale à Paris pour couronner le tout. Et aussi visiter quelques salles (hum !) si j'en trouve le temps.
Ainsi, on se retrouve comme ça :

- vol Kinshasa - Paris le jeudi 19 juillet au soir
- arrivée au (tout) petit matin à CDG, je file direct à mon hôtel, je pose les bagages et...
- visite médicale à 11h à Rueil...
- puis départ pour la région Lyonnaise, pour quelques visites.
- et le dimanche 22 (avouez que c'est court), je repars à 19h pour Bujumbura
- le lundi à 9h (avouez que c'est long), mon vol Kenya Airways atterrit à Bujumbura

Bref, pour ceux qui auraient pensé pouvoir prendre un verre avec moi à cette occasion, c'est pas gagné d'avance, à mon grand regret. Il y a des priorités...

Quand j'en saurai un peu plus sur toutes ces histoires, je vous ferai signe. Ah, et puis il faudra aussi que je change le nom du Blog. Pour l'adresse, on va dire qu'on y touche pas pour l'instant.
Et puis que j'uploade quelques dernières photos de Kin, avant de passer à celles de Buja !

(ouais, j'ai cru comprendre que c'est comme ça qu'on abrégeait Bujumbura là-bas...)

25 juin 2007

Il faut récupérer des vacances.

Je ne savais pas que je pouvais le faire.
J'ai bien travaillé cette semaine, bien tard aussi, et j'avais un certain sommeil en retard, mais là...
Samedi, je me suis couché à 15h30 pour faire la sieste après le repas... et je me suis réveillé à 8h le dimanche matin.
Seize heures de sommeil est des poussières, autant dire qu'aujourd'hui, lundi matin, je suis d'attaque !

19 juin 2007

Nouvelle destination - Devinette

Lyon-Brazzaville avait été un beau dépaysement.
Brazzaville-Kinshasa n'était pas un très long voyage, mais la différence entre les deux villes et les deux pays est assez énorme pour étonner encore.
Le prochain voyage que je m'apprête à faire va probablement encore m'apporter son lot de surprises... Mais où cela peut-il donc bien être ? Je vous fais deviner ? On y va !

Top - Je suis un petit pays dont on n'entend pas souvent parler.
Situé en Afrique, je suis plus précisément situé dans la région des Grands Lacs.
Ma capitale, Bujumbura, est d'ailleurs directement établie sur le bord du lac Tanganyika.
Bénéficiant d'une stabilité politique relative ces dernières années, je me reconstruis dans la paix et la réconciliation sous un régime démocratique.
Mon président,
Pierre Nkurunziza, est un ancien professeur de gymnastique.
Sachant qu'il faut entre 15 et 24 heures pour me relier à la France par avion, je suis...
Je suis...


Réponse ici ! (et bravo à ceux qui ont trouvé sans regarder la réponse !)

Tout a une fin...

Et les vacances comme le reste. Trois semaines et demie après mon atterrissage à Charles de Gaulle, et après avoir rempli point par point ma check-list, c'est l'heure du départ.

Nota : la check-list ne mentionnait pas explicitement "voir les potes". Cependant le lecteur perspicace aura noté de lui-même : chaque point de la liste (à quelques exceptions près) impliquait la présence d'amis au moment de sa réalisation...

La dernière bonne surprise aura été pour mon vol.

C'est incroyable le nombre de personnes qui peuvent vouloir prendre l'avion le samedi. C'est à se demander ce qu'elles font de si intéressant en semaine, pour toutes se regrouper à l'aéroport ce jour précis. Bref, je m'apprêtais à faire la queue à l'enregistrement, quand je me souvins (oui, le passé simple est toujours hype) que j'étais passé au statut Silver sur ma carte AirFrance...

D'un pas alors guilleret, j'ai donc grillé tout le monde à l'enregistrement en allant aux guichets "Business", et encore tout le monde à l'embarquement : pour le bas peuple, une chicane de 35mn de queue... pour moi, une belle ligne droite et 4mn d'attente.

Et pour finir, au moment de monter dans l'avion avec mon billet de classe éco (enfin, chez AirFrance, ils disent "Tempo", pour pas humilier le commun), le bonhomme qui arrache le bout des billets (il doit avoir un autre nom, et je serais curieux de le connaître) me demande si ça me dérange d'être surclassé... "Ben, en fait, non, pas trop"... et me voilà assis en Business Class !

Dans l'avion : siège inclinable à 180°, petite nappe sur la tablette pour le repas et menu spécial (foie gras et mignardises pour le café, etc.) . Bref, un vol de pacha.

Arrivé à Kinshasa, c'est plus roots : bats-toi pour ta valise, et paye ta sueur. Heureusement, c'est la saison sèche, donc dehors il devait faire 24 dégrés grand maximum, ce qui fait que j'ai presque eu plus chaud à Paris qu'à Kin. Aujourd'hui encore, la clim est restée éteinte, et j'ai mis un sweat-shirt à la maison.

Bref, retour à l'Afrique !

22 mai 2007

12 heures...

C'est le temps qu'il reste avant le décollage... Enfin, si tout se passe bien.
Entre les avions de Kenya Airways qui se crashent à 10km de l'aéroport et qu'on ne retrouve que trois jours plus tard, les avions Air France qui pètent un pare-brise en cours de route, et dont les pilotes terminent le trajet avec les masques, et tout ces petits tracas aéro-africains, chaque atterrissage est une petite chanson.

Mais comme je sais que dans 24 heures, j'aurai un bon café, des croissants, une bonne douche et une petite sieste, je me coule dans mon fauteuil, et je me relaxe.

Et puis je reprends le travail.

21 mai 2007

Wishlist

Ah... dans 30 heures environ, je m'envole pour la France... vacances...
Huit heures de vol (quand même) et arrivée à Paris pour trois-quatre semaines intenses de mariages, soirées, voyages, etc.
Et finalement, certaines choses commençaient à me manquer. Alors voilà à quoi je vais passer mes vacances :

  • aller dans des bons restaurants
  • boire du bon vin
  • me poser dans les cafés
  • acheter des livres
  • acheter des CDs
  • acheter un Mac
  • la sieste sur la pelouse d'un parc
  • mettre un sweat-shirt et un blouson (marre des manches courtes 365 jours par an)
  • prendre le métro
  • aller au cinéma
  • prendre le train
  • boire au robinet (sans peur)
  • aller au McDo (une fois)
  • conduire une petite voiture (et pas un énorme 4x4)
  • me promener comme un touriste
  • manger du bon fromage et de la bonne charcuterie
  • ... (liste non exhaustive)
et tant d'autres choses qui finissent, au bout de plusieurs mois, et la fatigue du travail aidant, à me manquer un peu... jusqu'à la prochaine fois !

Update du 11 juin : il me reste presque une semaine de vacances, et j'ai déjà tout fait ! La vie est belle, quand même, non ?

Ne pas jouer avec le feu

Ce matin, l'agence était en ébullition.
Notre responsable de machin-chose s'est un peu chauffé avec un des employés, se laissant aller jusqu'à avoir quelques mots avec lui.
Après une minutieuse enquête, il apparaît que cet employé a été traité de "singleton".
Ce qui ne manquera pas de surprendre, quand on sait que ce mot est principalement employé en statistique, voire en mathématiques et probabilité, mais assez rarement en tant qu'insulte.
Après une enquête encore plus minutieuse que la précédente, il apparaît cette fois que la personne interrogée en premier lieu n'a rien compris, et que l'employé a plutôt été qualifié de "cinglé". On notera la proximité phonétique, tout en admettant que ce mot (qui, quoique présent dans l'argot français, est curieusement assez rare au Congo)(mais tout de même plus que "singleton", je me demande où ils sont partis le pêcher) constitue cependant une meilleure provocation.
Bref, cinglé ou singleton, l'employé ainsi interpelé a senti la moutarde lui monter au nez, et au moment précis où il aurait pu décider d'en venir aux mains, il est devenu tout rouge, a eu du mal à respirer, et a eu besoin d'aide.
A présent, il est à l'hôpital, et les rumeurs les plus folles (et les plus pessimistes) courent sur son état.
Moralité : ici, on ne plaisante pas avec l'honneur des gens. Vous pouvez faire ce que vous voulez, mais ne traitez personne de quoi que ce soit, on peut le prendre très à coeur...

04 mai 2007

Kinshasa - Quelques vues de la ville


On me reproche souvent (parmi beaucoup d'autres choses) de ne pas mettre assez d'images de la ville de Kinshasa elle-même. Pour se faire une idée de ce que je vois au quotidien, de la couleur des jours urbains de ce côté-ci de l'Equateur et du fleuve, probablement.

Et effectivement, je trouve aussi que je ne mets pas assez d'images de la ville de Kinshasa elle-même. Je me le reproche.

Mais les choses ne sont pas si simples. Il ne suffit pas de mettre des sandales, un bermuda a fleurs et d'aller prendre quelques photos comme un touriste anodin pour alimenter les soirées diapo une fois rentré à la maison.

Non.

La ville est pleine d'obstacles au photographe le plus persévérant. Le premier, qui n'est pas le plus négligeable, est la quantité relativement limitée de choses intéressantes à photographier : Kinshasa est une ville récente, partiellement en ruines, partiellement en chantier, sans architecture propre, avec de grands bâtiments tout moches qui poussent un peu partout, sans unité visuelle ni finalement de souci esthétique. Mais c'est une ville qui a sont charme, probablement pour cette même raison : elle est à l'image de la vie qu'on peut y avoir quand on y habite.

La seconde, j'en parlais un peu plus bas, et bien ce sont encore et toujours les policiers. Curieusement, Kinshasa doit être entièrement classée "secret défense", car il est (à écouter la police de roulage) strictement interdit de photographier quoi que ce soit. Ou alors, il faut donner 20$ au policier qui vous a vu faire. Ou en tout cas une petite bière, si vous arrivez à le convaincre qu'il pourrait avoir des ennuis à trop insister... Bref, même avec une autorisation de la mairie en poche, même avec une carte de presse, toutes les personnes (congolais y compris) qui ont essayé de photographier ouvertement la ville on été embêtées.

Alors je prends quelques clichés le plus discrètement possible, et quasiment toujours avec mon téléphone portable, ce qui explique la piètre qualité des images. Mais je peux en mettre plus sur le site. Bref. Le téléphone est particulièrement discret, et du coup, depuis ma voiture, j'ai pu prendre les quelques photos de ce post...

D'ici quelques temps, j'essaierai de mettre des images plus variées !

03 mai 2007

Parc automobile Congolais

J'en avais déjà parlé, vaguement, dans un précédent billet, le parc automobile de la RDC est une véritable cour des miracles.

On trouve de tout : minibus chinois, autobus indiens (Tata équipe les transports publics de Kinshasa dans le cadre de la coopération Inde-RDC), camions est-européens (c'est la première fois que je vois un Tatra qui roule encore) ou importés directement d'Europe du Nord (ah, camionnettes de plombiers néerlandais, de peintres en bâtiment allemands... j'en ai même vu une avec des inscriptions en finnois !) sans parler des ORNIs...

Les ORNIs (Objets Roulants Non Identifiés, vous aurez deviné de vous-mêmes) apportent chaque jour un peu de joie au conducteur kinois. C'est une source sans fin d'émerveillement et de spectacle.
Certains semblent purement et simplement reconstruits à partir des pièces détachées de différents modèles, quand d'autres n'ont en tout et pour tout que les pièces strictement nécessaires, à savoir le châssis et le moteur.
Comme dans la blague, ici, on peut récupérer des pièces détachées simplement en suivant un véhicule assez longtemps.

L'autre jour, patientant à un stop, nous avons vu passer un minibus avec la porte coulissante qui traînait sur le goudron, laissant sur le trajet une gerbe d'étincelles particulièrement esthétique, n'eut été son caractère inquiétant. Pit-stop pour la camionnette, dont le chauffeur réajuste la porte, et c'est reparti.

Et encore ce matin, dans un rond-point, la portière droite de la voiture que je suivais s'est simplement ouverte du fait de la force centrifuge de la maneuvre... heureusement que je ne doublais pas par l'extérieur.

Bref, ci-dessous quelques images des véhicules de Kinshasa.
D'ici peu, j'essaierai un post sur le même thème à Brazzaville, qui n'a rien, mais rien à voir avec ici...

PS : j'ai bien entendu oublié de mentionner que le nombre réduit de voiture (enfin, rapporté à la population de la ville) combiné au manque de transports en commun conduit à des situations infernales : minibus pourris bondés de personnes (dont deux ou trois accrochées à l'extérieur), courses à quinze pour attraper un taxibus... ici, quand on a pas de voiture, c'est l'enfer. Un de plus.

La police Congolaise se loge là où elle peut

En roulant dans la ville, les chances sont grandes de se faire arrêter pour une infraction réelle ou imaginaire (j'ai déjà eu l'occasion d'être arrêté pour "refus d'obtempérer" en ne m'arrêtant pas à un feu cassé depuis plusieurs années sur lequel poussaient des plantes grimpantes...) par la "police de roulage".
Probablement un terme ex-belge pour ce que nous appellerions la circulation.

Cette bande de rapaces - car il est difficile de qualifier autrement des agents de l'Etat qui vous arrêtent le samedi matin, comme une voiture sur deux, non pour vous verbaliser, car cela demande trop d'imagination, mais pour vous demander de l'argent pour un "sucré", c'est à dire une petite bière - cette bande de rapaces, donc, n'est qu'à l'image de l'Etat Congolais dans ce qu'il a de plus tragique, là où justement la tragédie est si violente qu'elle provoque un rire nerveux.
Ces policiers ne sont payés qu'une trentaine de dollars par mois, de manière totalement irrégulière, alors que le moins bien payé de nos agents touche autour de 100 dollars.

Ce qui motive les appétits, qui dans ce cas ne sont probablement qu'une manière de survivre en employant la force de l'Autorité. Appétits qui d'ailleurs ne sont que le reflet bénin d'un pays où les concepts de "Forces de l'Ordre", "Justice", et tout simplement "Loi" font doucement rigoler dans les foyers. Je dis doucement, car le rire est probablement bien plus souvent couvert par les sanglots : l'armée Congolaise, et les forces de police de la RDC dans une moindre mesure, sont d'après toutes les ONG qualifiées, les principales causes de prédation, d'insécurité et d'atteintes aux droits de l'homme dans le pays.

Mais comment en vouloir (si, on peut, vous me direz) à des gens que l'on caserne dans les postes de police que l'on voit en photo un peu plus bas ? Un bâtiment commencé et jamais fini, des containers éventrés avec un chiffon pour faire rideau... ça vous fait plus penser à un poste de police, ou un squat de bandits ?

02 mai 2007

Petite coupe de printemps

Aller chez le coiffeur au Congo, c'est tout une aventure.
On a bien sûr la solution facile de la tondeuse, mais d'une part je n'ai jamais su manier l'instrument, et d'autre part, la tête rasée, je suis pas certain que ça m'aille bien.
Donc, le coiffeur.

A Brazzaville, j'avais un coiffeur congolais sympathique, mais qui était bien entendu plus habitué à tailler les cheveux frisés que ma soyeuse chevelure. Et je sortais de là avec une belle tête de vainqueur, la raie sur le côté, comme dans les années 50.
C'est je pense comme ça que mon coiffeur s'imaginait que les européens se coiffent. Peut-être que c'était son rêve inaccessible, la raie sur le côté. Peut-être aussi que ça le faisait vraiment bien rire de me voir sortir de chez lui avec cette tête-là (en passant sur la mauvaise pub pour son échoppe).

Arrivé à Kinshasa, j'ai donc changé de coiffeur, et je suis passé du côté obscur de la force, c'est à dire en bas de mon appartement, chez le coiffeur libanais (les libanais font de tout, pourquoi pas de la coiffure).
Ambiance mâle chez ce coiffeur pour homme, ça sent le café et la cigarette, et on est pas là pour rigoler. Déjà, hop tu t'installes, on va pas faire de shampoing comme chez les gonzesse, ici, c'est assis et tondeuse.
J'enlève mes lunettes, et quand je les remets... "woosh", c'est Retour vers le futur premier épisode, façon Richie Cunnigham dans Happy Days. Autant vous dire que j'hésitais entre le rire et les larmes. J'ai choisi l'option rigolote, et j'ai dis à mon coiffeur que ça me rappelait ma première communion.

Bien entendu, en tant que libanais, je suis pas certain qu'il ait saisi l'allusion.

Mais le résultat était là, et nous sommes donc allés au restaurant le soir, avec ma belle coiffure du printemps, idéale pour sortir en ville...

24 avril 2007

Résultat des élections à l'étranger

On peut trouver sur le site du Ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire le résultat du vote des "Français de l'étranger", qui, s'il n'est pas détaillé par ville de vote, a au moins le mérite d'isoler cette population au comportement, vous allez le voir, assez éloigné du vote général français, et des idées préconçus, comme j'ai pu en émettre dans mon précédent post.

Premier fait : une mobilisation très basse. Seulement 40% des inscrits sont allés voter. On peut cependant expliquer cela assez facilement : un très grosse part des expatriés ne vit pas à la capitale, et ne peut aller voter à l'ambassade. Et il ne faut pas compter sur un bureau de vote au fin fond du Kivu. Ceci explique cela. Je note que le nombre d'inscrits a plus que doublé par rapport à 2002... Effort des services consulaires ?...

Second fait : le trio de tête est ainsi composé : NS premier à 38,5% (oui, le Français de l'étranger est quand même un peu plus de droite que la moyenne ; je ne disais pas que n'importe quoi hier soir), SR seconde à 29,9% (ce qui prouve que les profs des écoles françaises sont plus nombreux qu'on ne le croit), et FB troisième à 21,5% ce qui est quand même confortable quand on a lu ce que j'ai écrit ci-dessus : FB n'était donc pas considéré ici comme un vote "inutile", mais les gens ont aussi réellement pensé qu'il avait ses chances pour un second tour...

Dernier fait : "Les petits candidats ? Connais pas !" Après avoir donné le top 3 du classement, on ne peut que remarquer cette situation surprenante : les petits candidats ne sont pas aimés par les expatriés. Et quand on dit "petits", il faut entendre "ceux qui n'ont aucune chance de devenir Président". Y compris le borgne, qui ne réalise (contrairement à ce que je disais avec fiel hier soir) que 3,27% ! Et tous les autres sont à moins de 2% !
Deux possibilités d'explication pour cela :

  • supérieurement intelligent, l'expatrié vote utile et ne se fait aucune illusion sur les sirènes des candidats folkoriques. Disposant d'un niveau d'étude généralement supérieur et d'une situation confortable, il n'éprouve pas le besoin d'un vote contestataire, puisqu'a priori, il n'a rien à contester.
  • pour ceux que cette explication ne convaincrait pas, on peut aussi avancer que le fait de ne pas être assaillis par un environnement électoral depuis six mois, de ne pas avoir en permanence les 12 candidats sur toutes les chaînes de télé n'aide pas à connaître ces petits prétendants. En gros, RFI parle beaucoup des gros, et pas/peu des petits, alors on ne vote pas pour eux.
Voilà, c'était l'analyse politique du vote des Français de l'étranger par votre politologue préféré.
Restés branchés pour le second tour, on aura peut-être des éléments amusants à vous raconter !

23 avril 2007

Ici aussi, on vote

Et voilà, j'ai voté pour la première fois à l'Ambassade de France à Kinshasa.
Première déception également : je n'ai pas de carte électorale aux couleurs de l'expatriation... Ici, on vote sur seule présentation du passeport français.
Il semble que la journée ait vu passer beaucoup de monde, peut-être plus que ce à quoi on s'attendait... comme un peu partout en France, finalement, si j'ai bien compris.

A ce que je sais des habitudes électorales des expatriés, il semble que de manière générale, ils votent à (l'extrême) droite la plupart du temps, sauf les profs des écoles françaises et les membres des ONG, qui votent pour Robert Hue. Mais il ne s'est pas présenté cette année, ce qui explique probablement les scores ridicules de l'extrême gauche en 2007.

Demain, je vais essayer d'aller voir si les scores du bureau de vote de Kinshasa sont encore affichés à l'Ambassade (et confirmer ce que je balance dans le paragraphe au dessus). Je n'étais pas au dépouillement, comme j'en avais initialement l'envie, puisque je buvais un verre chez des amis. Et puis, décalage horaire oblige, le décompte commençait ici à 18h, et les résultats français tombaient à 19h (on a une heure de moins, ici). Donc, à 19h, j'étais chez moi, devant la télé, le téléphone à la main, à commenter les résultats avec les Kinois...

17 avril 2007

Le Monde parle de Kinshasa... et de l'uranium

Trouvé dans ma revue de presse quotidienne : cet article sur Kinshasa dans l'édition informatique du Monde d'aujourd'hui (oui, la version papier ne nous parvient qu'à une semaine d'intervalle, ce qui limite son intérêt... J'imagine notre plaisir la semaine prochaine, à lire les derniers pronostics avant les élections...).

Je connaissais l'existence du Centre de Recherche Nucléaire de Kinshasa, et pour tout vous dire, il est à quelques dizaines de mètre de l'Université, que je suis passé visiter un soir. Un bâtiment un peu vétuste, un peu décrépit, qui semble abandonné (et qui l'est, d'ailleurs).
J'avais entendu dire qu'il y avait là-bas un réacteur nucléaire, mais après avoir vu ce que j'avais vu, j'en doutais quand même. Erreur.

Enfin, on se console, en se disant que le réacteur n'est plus en activité, ce qui diminue les risques de problèmes, et que si l'uranium sort un jour du centre, il sort aussi du pays, et c'est probablement à d'autres qu'il causera du tort... on se rassure comme on peut !

09 avril 2007

La musique adoucit le moeurs

A la demande générale, et pour faire patienter les gens avant l'hiver, et surtout avant le reportage Life intitulé : "Comment passer agréablement trois jours et deux nuits de combats", avec des photos exclusives de mon appartement en état de siège, voilà une mélodie qui ravira vos oreilles autant que vos cerveaux, puisqu'il s'agit de la VO reggae peace d'un tube postérieur, réalisé probablement sous crack, et néanmoins tout aussi réjouissant à entendre (mais au son un peu cheap, quand même).

Et pour ceux que les longues phrases fatiguent, ils peuvent lancer directement les jamaïcains là-dessous (les autres aussi) :


On considérera que le post célèbre avec joie le retour de radioblogclub, et des ses amis.

27 mars 2007

Lord of War

OK, pas d'affolement, j'ai survécu.
C'était chaud, je vous dis que ça. Une p*tain guerre dans mon jardin. Avec les kalach' (on en parlait, tiens !) les cannons, les mortiers, les RPG.
C'était counter-strike dans me rue.
Je vais raconter ça en détail dans quelques temps, juste pour moi celui de coucher tout ça dans l'ordre.
D'ici là, profitez des banlieues et des voitures brûlées, c'est bon-enfant....

21 mars 2007

Communiqué de l'Ambassade de France

"Un regain de tension est perceptible aux abords de la cour suprême.
Des renforts MONUC sont en train de se déployer pour s'interposer.
Il est fortement recommandé d'éviter toute circulation dans ce quartier jusqu'à nouvel ordre."

Juste une journée de plus en RDC...

En fait la situation est la suivante : il était prévu qu'à l'issue des élections, les candidats perdants se séparent de leur garde rapprochée (qu'on appellerait ailleurs "milice"), et confient leur sécurité à des gardes du corps prêtés par l'Etat, des policiers.
Cependant, les ex-VP Bemba et Ruberwa ("ex-VP" car pendant la transition démocratique ils étaient 4 à avoir le titre de VP - Vice Président, le Président étant Kabila - la structure étant désignée sous l'appellation "4+1") ne souhaitent pas se séparer de leurs hommes fidèles - et surtout lourdement armés.
Ruberwa a jugé la demande de démantèlement "prématurée", quand Bemba l'a qualifiée "d'inacceptable". Cependant, la date limite avait été fixée de longue date au 15 mars, et aujourd'hui, on voit encore les miliciens postés devant la résidence de Bemba et devant ses bureaux.

La tension provient du fait que la police et l'armée se sont installés exactement en face, et qu'ils passent la journée à se chauffer et à s'insulter. D'où le déploiement de la Monuc.

Il vaut mieux ne pas traîner le soir dans le quartier : un collègue a dû rebrousser chemin en toute hâte vers la Cour Suprême, sous la pression subtile des kalachnikovs nerveuses.
Le Boulevard du 30 Juin est aussi une zone de tension, puisque de chaque côté de l'axe principal de Kinshasa se trouvent également des miliciens, des militaires, et la Monuc au beau milieu.
La dernière nouvelle sur le site de la Monuc est ici (je vous incite à y jeter un oeil), et rappelle le bon vieux temps...
La crise n'est pas encore finie, mais c'est quand même mieux qu'il y a quelques mois...

16 mars 2007

Kalachnikov

Ca n'étonnera probablement personne, on voit des armes à tous les coins de rue, ici. Et, surtout, des Kalachnikov.

Bien entendu, comme tout le monde le sait déjà, depuis Lord of War ou même avant, la Kalachnikov reste ce qui se fait de mieux, en terme de rapport qualité/prix, sur le marché. Et ce n'est pas un hasard si, dans une région ayant connu tant et tant de guerres civiles et de régimes militaires si on les trouve en masse, jusqu'à représenter 60% des armes légères en circulation...

Sachant que le prix oscille ici entre 9 et 33$ (non je n'en rapporterai pour personne en Mai : ce n'est pas autorisé en cabine), on comprend que tout le monde en soit équipé : rebelles, armées, milices, polices...

Et donc, chaque jour, on voit ces armes portées par un peu tout le monde. Au début, on peut trouver ça un peu anxiogène, mais on s'y fait vite : les armes de la Monuc sont plus grosses (des M16 ou autres), et l'armée dispose aussi d'automitrailleuses assez impressionnantes, et également de lance-roquettes peu discrets. La Kalachnikov, c'est un peu de l'ordre du jouet.

Par ailleurs, comme le pays n'est pas très sûr, l'Etat congolais "loue" la police aux entreprises qui en font la demande : on voit donc des policiers armés d'AK-47 devant les supermarchés, les banques, et il y en a cinq ou six que je salue chaque matin en passant la grille de l'endroit ou je travaille.

Alors on s'y fait, et on essaie de ne pas avoir l'air terrifié quand le policier qui vous ouvre la porte à la banque fait malencontreusement tomber sa Kalach' dans un grand bruit sur le ciment. Pas de coup tiré, tout va bien. Ca donne lieu à quelques scènes un brin surréaliste, comme sur la photo plus bas...

Dimanche dernier, un orage phénoménal (càd : comme tous les deux jours) s'est abattu sur Kinshasa quand je sortais du supermarché. Nous étions plusieurs à attendre une accalmie pour regagner nos voitures : un "casque bleu" (enfin, plutôt une "casquette bleu") avec son gun, des gens, et bien entendu, le tout sous l'oeil du policier en faction. Serviable, d'ailleurs, ce policier, qui s'est précipité, la Kalachnikov sous le bras, pour aller porter son parasol bariolé vers une grosse dame qui descendait de sa voiture.

Moi, j'aurais été une grosse dame, j'aurais pas été rassurée. Mais bon, elle est descendue quand même. Il n'a pas fait tomber son arme. Et la pluie a continué.

15 mars 2007

Salongo

Ce matin, j'ai tenté d'aller régler quelques formalités à la Direction des Grandes Entreprises, dépendant de la Direction Générale des Impôts.
D'habitude, je sors dans l'après-midi, et c'est un peu le chaos dans la circulation sur le Boulevard du 30 Juin (principale artère de Kinshasa).
Aujourd'hui, je suis sorti le matin, et, curieusement, (presque) personne dans les rues, trafic fluide, le bonheur.
Mais, en arrivant aux Impôts, même image : trafic fluide, et personne dans les couloirs, ni dans les bureaux d'ailleurs. Mon chauffeur m'a donné l'explication du mystère : aujourd'hui, comme tous les jeudis matin, c'est "salongo".

Salongo, c'est un terme de l'époque Mobutu, qui avait instauré cette règle. Tous les jeudis matins, toutes les personnes ne travaillant pas dans les entreprises (les petits commerçants, les vendeurs de rue, les inactifs, etc) devaient rester dans leur quartier et participer à l'entretien du pays : balayer la rue (ah oui, ici la rue se balaye, la route aussi, c'est très impressionnant, mais assez peu efficace...), vider les tas d'ordures, etc.
Les gens avaient tendance à bien respecter cette règle, puisque les patrouilles de police embarquaient systématiquement ceux qui ne participaient pas à l'euphorie du ménage collectif.
Quelques guerres plus tard, et Mobutu en moins, salongo a été abandonné, mais le jeudi matin reste le jour où la ville est nettoyée, par les entreprises de la voirie, sauf que les gens avaient pris l'habitude de ne pas venir au travail, et ont donc continué.

Visiblement, avec cet ancien système, et malgré son aspect contraignant, il semblerait que la ville ait été bien plus propre à l'époque. Ce qui n'est pas difficile à croire. L'idée qu'une matinée par semaine, tout le monde se retrouve dans la rue pour entretenir le pays a un petit côté "communisme idéal" qui réjouit. On n'essaiera cependant pas d'imaginer ce que cette mesure pouvait coûter en PIB chaque année...

Et pour ce qui est de l'absentéisme, j'ai eu l'occasion de sortir le matin d'autres jours de la semaine, et le tableau est le même... Salongo ou pas, j'ai plutôt tendance à croire que les gens ne se mettent à travailler que l'après-midi, de manière générale. Ce qui est une bonne idée, puisque la plupart des entreprises et administrations cessent le travail à 15h30.

Mais pourquoi il n'y a que les expats à faire du 7h30 - 19h30 ?!

08 mars 2007

La phrase du jour

Lu dans un livre : "ce pays a bien plus de problèmes qu'il n'y a de citoyens en mesure de les résoudre..."
C'est bizarre, ça parlait de l'Ukraine, mais ça sonne familier...

Et aussi : c'est dommage que d'une certaine manière, je ne puisse pas tout écrire ici, il y a tellement de choses sidérantes qui peuvent avoir cours en RDC...
Je vous raconterai quand je vous verrai, et vous comprendrez ce qu'on peut entendre par "Far West" en parlant d'un pays...

07 mars 2007

Week-end in Mumbai

Au supermarché, on peut trouver un peu de tout... qu'on aille chez les libanais ou les portugais, les articles viennent à peu près toujours de Chine (sauf la nourriture, mais on y viendra probablement tôt ou tard).
Et parfois, au détour d'un rayon, on tombe sur une étrange installation, qui pourrait bien avoir eu sa place à la Biennale d'Art Contemporain de Lyon, ou d'ailleurs.
Celle-là, par exemple, pourrait très bien avoir eu la notice qui va avec :


"Week-end in Mumbai" (2005)
Lars Söhnstroem (Suède)

L'oeuvre de Lars Söhnstroem s'inscrit dans une critique radicale du libéral-colonialisme occidental. Par ses installations audacieuses, d'où l'humour n'est jamais totalement absent, il brosse un tableau sombre de la société moderne, mettant en exergue les conséquences désastreuses de l'inconscience des dirigeants du Nord.
Dans "Week-end in Mumbai", Söhnstroem ouvre une réflexion sur la place de l'enfant dans la société, et plus précisément de son rapport à la nature dans un monde sur-urbanisé. L'installation suggère le malaise d'une société où l'absence d'écureuils se fait particulièrement cruelle.
Comme à son habitude, Söhnstroem nous place en face de nos contradictions, pour mieux nous proposer un changement de Weltanschauung comme solution éphémère.

03 mars 2007

La conduite à Kinshasa

Entre la maison et le travail, il n'y a pas trente-six itinéraires, il n'y en a qu'un. Une grande route étroite, sur les bords de laquelle on trouve :
- à gauche, les différents "beach", ports de commerce plus ou moins bien équipés, dont le fameux Beach Onatra, qui sert au passage des personnes entre Kinshasa et Brazzaville
- à droite, des tas de vendeurs qui proposent leurs marchandises comme sur toutes les routes et rues de la ville
Et bien entendu, au milieu, des dizaines de caristes, poussant avec une difficulté non feinte leurs brouettes de fortune surchargées (probablement plusieurs centaines de kilos) pour un salaire de misère.

Et étant donné la vétusté du parc automobile du pays, il n'est pas rare que la route soit complètement bouchée par un accident (annoncé par des branchages sur la chaussée 10m avant) ou une panne.

Et l'autre matin, c'était un accident... un peu difficile à comprendre. Probablement un dépassement qui a mal fini, mais il est vraisemblable que les intentions du minibus resteront à jamais inconnues.
J'ai pu prendre deux photos, qui illustrent à merveille l'adage bien connu : "Ne regarde pas la paille dans l'oeil de ton voisin, mais plutôt la grume qui est dans le tien..."


Organisation et persévérance...

... viennent à bout de bien des obstacles.



En effet, et contre toute attente, voilà le résultat d'une soirée que j'avais dédiée à me coucher tôt, et qui finalement m'a coûté un peu de sommeil.
Mais... la satisfaction de l'achèvement vaut bien deux bonnes heures de détente !

01 mars 2007

La musique du moment

C'est tout simplement un bon vieux titre (1999... bientôt 10 ans !) de Madison Avenue, dont on a déjà entendu la basse, piquée et repiquée à l'italien d'en bas...

Et ça s'écoute où ? Ici !



Et pour les puristes, on peut toujours écouter Pino d'Angio, en 1980...



Et voilà !

28 février 2007

Même en Afrique !


Super ! Même en Afrique, on reçoit les colis de la Poste !

Merci beaucoup pour le paquet, les amis, j'ai tout bien reçu, et ça m'a fait vraiment plaisir !
Ca fait du bien d'avoir un petit mot, manuscrit, à cette occasion, et c'est toujours plus proche qu'un mail !

Bref, une bonne idée, une bonne surprise, pour une bonne semaine !

27 février 2007

Les prix varient...


Un petit détail qui peut surprendre : quand on fait ses courses dans les grands magasins - par grands magasins, il faut comprendre "les grandes surfaces à mi-chemin entre un Lecler et un Intermarché" (il doit y en avoir quatre ou cinq dans la ville) - on peut lire les prix dans un étrange monnaie.

Il ne s'agit pas du Franc Congo, qui a cours dans le pays, et dont le plus gros billet (celui de 500 FC) vaut un peu moins de 1 dollar (c'est peu). Il ne s'agit pas non plus du dollar, qui a cours quasi-officiel en RDC, depuis qu'il faut une charette de billets pour faire ses courses (toutes les factures sont libellées en dollars, seules les toutes petites dépenses se font en FC). Pour un repas au restaurant, compter 20$, soit 11.200FC au taux du jour, soit 22 billets de 500FC... avouez qu'il faut les avoir en poche !

Non, les prix sont libellés ainsi : B20, B110, C40, etc. Et on peut voir, dans les rayons, des grandes affiches indiquant la correspondance en Franc Congo pour la période. Ainsi, B30 vaudra cette semaine 5.600FC, soit 10$... C'est une bonne gymnastique, qui permet en tout cas aux commerçants de ne pas changer leurs étiquettes tous les jours, étant donné que le Franc Congo se déprécie à vue d'oeil contre le dollar (aujourd'hui à 560, il était à 430 quand je suis arrivé ! Une baisse de 25% en 1 an...). Et accessoirement de remonter les prix un peu sans se faire voir.

Les magasins changent donc toutes les semaines (ou plus) les affiches récapitulatives, et les clients se font petit à petit une idée de la nouvelle monnaie en vigueur sur le Territoire Souverain du Magasin !

20 février 2007

Des photos !












































Suite aux critiques (on va dire : "remarques") du courrier des lecteurs, qui se plaignaient de voir trop de signes, et pas assez d'images, voilà une petite provision de photos, sans commentaires, de la ville, du pays, et de la vie ici en général...

Y'a qu'à demander !

Légende :
1) les camions de grumes "pot catalytique"
2) les échafaudages maison
3) le bac "Ntsieme" (jamais essayé)
4) l'arrivée au beach de Kinshasa (photo volée)
5) les camions pourris de la RDC
6) la terrasse de chez Chef David (les meilleurs pizzas de Brazza)

Prochaine livraison dans quelques temps !

Nouvelle année, nouvelle année

Les nouvelles années sont nombreuses cette semaine, puisque ce week-end (en encore ce début de semaine), c'est Têt, le nouvel an Vietnamien.
Grâce au soutien actif de l'improbable restaurant Vietnamien de Brazzaville, L'Hippocampe, nous avons pu déguster les spécialités de Têt, dont je serais bien incapable de reproduire l'orthographe ici...
Et puis la nouvelle année, la seconde, c'est mon anniversaire que je fête en Afrique pour la seconde fois en 27 ans ! Cool !

17 février 2007

Petit rappel visuel


Pour ceux qui ne m'ont plus vu depuis un bout de temps (et vous êtes nombreux dans ce cas !), voilà une petite photo de mes dernières vacances au Mexique !

Salut !

Suite de ces histoires d'élections


Vous vous souvenez des heurts qui avaient fait une centaine de morts il y a quelques temps (voir post plus bas ?). La Cour d'Appel de Matadi avait statué pour la tenue d'un second tour d'élection, pour calmer un peu les choses. L'affaire a été portée devant la Cour Suprême de Justice (CSJ) (pour nos amis spécialistes en Droit, je vous conseille un tour sur ce lien, c'est très instructif...), qui a tranché : le second tous n'aura pas lieu, et le gouvernement local est confirmé dans ses fonctions. Gouvernement qui, rappelons-le, est directement issu de l'AMP (Alliance pour la Majorité Présidentielle...), formation de Joseph Kabila.
On se souviendra aussi que c'est cette même CSJ qui avait brûlé avant de confirmer Kabila à la tête de l'Etat.
Et pour ceux à qui le sigle AMP rappelle des souvenirs, j'avais noté ce slogan qui figurait sur une grande affiche au Beach de Kinshasa : "Joseph Kabila : la force tranquille"...!

En photo, une image des banderoles appelant au vote pour les différents candidats lors des élections de députés de Kinshasa.

Allez, une note joyeuse, pour finir : cette information : le Gouvernement de la RDC a été annoncé il y a une semaine, je vous avais mis la liste des ministres en lien. On peut lire à la ligne "Commerce Extérieur" le nom de M.Kasongo Ilunga... Petit moment réjouissant de la semaine, ce sont trois Kasongo Ilunga qui se sont présentés devant le Premier Ministre...! Et on ne sait pas encore lequel est le bon ! Ahahahah !

Bon, la solution du Mystère du Ministre Fantôme est peut-être tout simplement dans ces lignes, qui nous laissent pleins d'une admiration béate devant un pays qui peut choisir des ministres sans même les connaitre, ni surtout avoir une idée de leurs compétences à exercer leurs mandats...

13 février 2007

Vu l'état des routes...


La RDC de 2007 est (sous un certain angle) un rêve pour tout entrepreneur de travaux publics un peu aventureux. Il suffit de se représenter qu'un pays de cette taille (on va dire, à la louche, l'équivalent de l'Europe de l'Ouest) ne dispose en tout et pour tout que de 2.000 km de route goudronnée...

Ce qui, vous en conviendrez, n'est pas beaucoup (d'Est en Ouest, le pays fait déjà 2.000 km...)

Bien entendu, de nombreuses routes sont en latérite, ou bien sont des routes en terre qui sont relativement praticables. Cependant, aucune d'entre elles ne serait en mesure de supporter un trafic commercial soutenu (camions chargés fréquents).

A cela, il faut ajouter que bien entendu, de très nombreux axes de circulation sont complètement détruits, à cause des intempéries (grosses chaleurs, gros orages) mais principalement faute d'entretien. Généralement, les routes sont construites, puis laissées à l'abandon : résultat, dix ans plus tard, tout est à refaire.

Dans le centre-ville même de Kinshasa, une très grande partie des rues a totalement perdu son bitume, et la plupart sont impraticables par des voitures ordinaires : complètement inondées, avec des nids de poule de 30 cm, etc.

Du coup (tout ce post pour justifier ça !), on est obligé de rouler en 4x4 ! J'ai mis une petite photo de mon Isuzu, qui ici est considéré comme une voiture "urbaine", dans la mesure où il est très bien pour rouler dans Kinshasa, mais pas du tout efficace pour aller dans le pays (ici, on dit "la brousse").

Alors je pilote le pick-up dans les rues de la ville, et je m'habitue à tout voir d'un peu plus haut... si bien que quand je passe à Brazzaville et que je prends un taxi (Toyota Corolla), j'ai l'impression d'être dans une formule 1 !

08 février 2007

Elections locales, contestation et répression

Dans le cadre de la vague d'élections qui marquaient la fin de la transition démocratiques dans le pays, des votes ont eu lieu pour élire les représentants locaux dans les différentes régions.

Dans le Bacongo, une secte chrétienne très implantée avait l'espoir de placer son chef en bonne position pour ce vote.

Manque de chance (bon, après, je ne sais pas dans quelle mesure les résultats ont été trafiqués, s'ils l'ont été), c'est un proche de Joseph Kabila qui a été élu.
Dès le lendemain, les soutiens du leader religieux étaient dans la rue. Saccages, magasins fermés, ville morte, l'ambassade de France a envoyé les textos pour engager les français à ne pas se rendre sur place.

L'armée est intervenue pour "juguler" la contestation. Tout ça, c'était la semaine dernière. Les chiffres revus sont tombés hier : 140 morts, par balle ou à l'arme blanche. La MONUC émet des doutes sur sa possibilité de continuer à collaborer avec les FARDC (Forces Armées de la RDC).

Je me souviens d'un militaire européen que nous avions rencontré avant le premier tour des élections, qui nous expliquait sa mission : il était là pour former la police à "sévir sans tuer"... ce qui peut sembler une évidence ne va pas forcément de soi ici, où quoi qu'on dise, les "forces de l'ordre" peuvent avoir la main lourde dans le cadre de leur mission...

Edit du soir : on a appris dans la journée que la justice avait ordonné un second tour pour ces élections... histoire de calmer un peu le esprits...

Gouvernement à la congolaise

Joseph Kabila a été confirmé en tant que Chef de l'État Congolais à la fin de l'année 2006... et depuis lors, on attendait la constitution de son gouvernement.
Je crois que c'est en décembre encore qu'il avait nommé son premier ministre, pour déterminer les futurs membres et les portefeuilles qui leur seraient confiés.

Et bien après deux mois de concertations, de négociations en tout genre, la période de transition entre les transitions a pris fin, et la chiffre est tombé : le nouveau gouvernement de la République Démocratique du Congo sera constitué de soixante ministres et vice-ministres... Il y en aura par exemple deux pour l'éducation, un pour l'énergie et un pour les hydrocarbures... et ainsi de suite.

Tout le monde ici se demande dans quelle mesure un tel nombre peut améliorer les choses, quand on sait que la corruption et les détournements plombent le pays dans des proportions inimaginables, et que l'absence de mesures propres à améliorer la situation se fait chaque jour sentir.

Ajoutons à cela que le premier ministre est une figure majeure de la politique du pays, le vieil Antoine Gizenga, est aujourd'hui âgé de 81 ans... On n'est pas rendus, hein...

La liste des membres du gouvernement est disponible sur cette page.

On reprend...

Bien, j'ai fini de mettre à jour les papiers anciens récupérés ça ou là, et je vais pouvoir me remettre au travail : poster de temps en temps et régulièrement des infos et des trucs amusants sur le Congo...

On va bien voir ce que ça donnera, mais j'espère en tout cas que vous pourrez y trouver des choses intéressantes et peu ordinaires !