22 mai 2007

12 heures...

C'est le temps qu'il reste avant le décollage... Enfin, si tout se passe bien.
Entre les avions de Kenya Airways qui se crashent à 10km de l'aéroport et qu'on ne retrouve que trois jours plus tard, les avions Air France qui pètent un pare-brise en cours de route, et dont les pilotes terminent le trajet avec les masques, et tout ces petits tracas aéro-africains, chaque atterrissage est une petite chanson.

Mais comme je sais que dans 24 heures, j'aurai un bon café, des croissants, une bonne douche et une petite sieste, je me coule dans mon fauteuil, et je me relaxe.

Et puis je reprends le travail.

21 mai 2007

Wishlist

Ah... dans 30 heures environ, je m'envole pour la France... vacances...
Huit heures de vol (quand même) et arrivée à Paris pour trois-quatre semaines intenses de mariages, soirées, voyages, etc.
Et finalement, certaines choses commençaient à me manquer. Alors voilà à quoi je vais passer mes vacances :

  • aller dans des bons restaurants
  • boire du bon vin
  • me poser dans les cafés
  • acheter des livres
  • acheter des CDs
  • acheter un Mac
  • la sieste sur la pelouse d'un parc
  • mettre un sweat-shirt et un blouson (marre des manches courtes 365 jours par an)
  • prendre le métro
  • aller au cinéma
  • prendre le train
  • boire au robinet (sans peur)
  • aller au McDo (une fois)
  • conduire une petite voiture (et pas un énorme 4x4)
  • me promener comme un touriste
  • manger du bon fromage et de la bonne charcuterie
  • ... (liste non exhaustive)
et tant d'autres choses qui finissent, au bout de plusieurs mois, et la fatigue du travail aidant, à me manquer un peu... jusqu'à la prochaine fois !

Update du 11 juin : il me reste presque une semaine de vacances, et j'ai déjà tout fait ! La vie est belle, quand même, non ?

Ne pas jouer avec le feu

Ce matin, l'agence était en ébullition.
Notre responsable de machin-chose s'est un peu chauffé avec un des employés, se laissant aller jusqu'à avoir quelques mots avec lui.
Après une minutieuse enquête, il apparaît que cet employé a été traité de "singleton".
Ce qui ne manquera pas de surprendre, quand on sait que ce mot est principalement employé en statistique, voire en mathématiques et probabilité, mais assez rarement en tant qu'insulte.
Après une enquête encore plus minutieuse que la précédente, il apparaît cette fois que la personne interrogée en premier lieu n'a rien compris, et que l'employé a plutôt été qualifié de "cinglé". On notera la proximité phonétique, tout en admettant que ce mot (qui, quoique présent dans l'argot français, est curieusement assez rare au Congo)(mais tout de même plus que "singleton", je me demande où ils sont partis le pêcher) constitue cependant une meilleure provocation.
Bref, cinglé ou singleton, l'employé ainsi interpelé a senti la moutarde lui monter au nez, et au moment précis où il aurait pu décider d'en venir aux mains, il est devenu tout rouge, a eu du mal à respirer, et a eu besoin d'aide.
A présent, il est à l'hôpital, et les rumeurs les plus folles (et les plus pessimistes) courent sur son état.
Moralité : ici, on ne plaisante pas avec l'honneur des gens. Vous pouvez faire ce que vous voulez, mais ne traitez personne de quoi que ce soit, on peut le prendre très à coeur...

04 mai 2007

Kinshasa - Quelques vues de la ville


On me reproche souvent (parmi beaucoup d'autres choses) de ne pas mettre assez d'images de la ville de Kinshasa elle-même. Pour se faire une idée de ce que je vois au quotidien, de la couleur des jours urbains de ce côté-ci de l'Equateur et du fleuve, probablement.

Et effectivement, je trouve aussi que je ne mets pas assez d'images de la ville de Kinshasa elle-même. Je me le reproche.

Mais les choses ne sont pas si simples. Il ne suffit pas de mettre des sandales, un bermuda a fleurs et d'aller prendre quelques photos comme un touriste anodin pour alimenter les soirées diapo une fois rentré à la maison.

Non.

La ville est pleine d'obstacles au photographe le plus persévérant. Le premier, qui n'est pas le plus négligeable, est la quantité relativement limitée de choses intéressantes à photographier : Kinshasa est une ville récente, partiellement en ruines, partiellement en chantier, sans architecture propre, avec de grands bâtiments tout moches qui poussent un peu partout, sans unité visuelle ni finalement de souci esthétique. Mais c'est une ville qui a sont charme, probablement pour cette même raison : elle est à l'image de la vie qu'on peut y avoir quand on y habite.

La seconde, j'en parlais un peu plus bas, et bien ce sont encore et toujours les policiers. Curieusement, Kinshasa doit être entièrement classée "secret défense", car il est (à écouter la police de roulage) strictement interdit de photographier quoi que ce soit. Ou alors, il faut donner 20$ au policier qui vous a vu faire. Ou en tout cas une petite bière, si vous arrivez à le convaincre qu'il pourrait avoir des ennuis à trop insister... Bref, même avec une autorisation de la mairie en poche, même avec une carte de presse, toutes les personnes (congolais y compris) qui ont essayé de photographier ouvertement la ville on été embêtées.

Alors je prends quelques clichés le plus discrètement possible, et quasiment toujours avec mon téléphone portable, ce qui explique la piètre qualité des images. Mais je peux en mettre plus sur le site. Bref. Le téléphone est particulièrement discret, et du coup, depuis ma voiture, j'ai pu prendre les quelques photos de ce post...

D'ici quelques temps, j'essaierai de mettre des images plus variées !

03 mai 2007

Parc automobile Congolais

J'en avais déjà parlé, vaguement, dans un précédent billet, le parc automobile de la RDC est une véritable cour des miracles.

On trouve de tout : minibus chinois, autobus indiens (Tata équipe les transports publics de Kinshasa dans le cadre de la coopération Inde-RDC), camions est-européens (c'est la première fois que je vois un Tatra qui roule encore) ou importés directement d'Europe du Nord (ah, camionnettes de plombiers néerlandais, de peintres en bâtiment allemands... j'en ai même vu une avec des inscriptions en finnois !) sans parler des ORNIs...

Les ORNIs (Objets Roulants Non Identifiés, vous aurez deviné de vous-mêmes) apportent chaque jour un peu de joie au conducteur kinois. C'est une source sans fin d'émerveillement et de spectacle.
Certains semblent purement et simplement reconstruits à partir des pièces détachées de différents modèles, quand d'autres n'ont en tout et pour tout que les pièces strictement nécessaires, à savoir le châssis et le moteur.
Comme dans la blague, ici, on peut récupérer des pièces détachées simplement en suivant un véhicule assez longtemps.

L'autre jour, patientant à un stop, nous avons vu passer un minibus avec la porte coulissante qui traînait sur le goudron, laissant sur le trajet une gerbe d'étincelles particulièrement esthétique, n'eut été son caractère inquiétant. Pit-stop pour la camionnette, dont le chauffeur réajuste la porte, et c'est reparti.

Et encore ce matin, dans un rond-point, la portière droite de la voiture que je suivais s'est simplement ouverte du fait de la force centrifuge de la maneuvre... heureusement que je ne doublais pas par l'extérieur.

Bref, ci-dessous quelques images des véhicules de Kinshasa.
D'ici peu, j'essaierai un post sur le même thème à Brazzaville, qui n'a rien, mais rien à voir avec ici...

PS : j'ai bien entendu oublié de mentionner que le nombre réduit de voiture (enfin, rapporté à la population de la ville) combiné au manque de transports en commun conduit à des situations infernales : minibus pourris bondés de personnes (dont deux ou trois accrochées à l'extérieur), courses à quinze pour attraper un taxibus... ici, quand on a pas de voiture, c'est l'enfer. Un de plus.

La police Congolaise se loge là où elle peut

En roulant dans la ville, les chances sont grandes de se faire arrêter pour une infraction réelle ou imaginaire (j'ai déjà eu l'occasion d'être arrêté pour "refus d'obtempérer" en ne m'arrêtant pas à un feu cassé depuis plusieurs années sur lequel poussaient des plantes grimpantes...) par la "police de roulage".
Probablement un terme ex-belge pour ce que nous appellerions la circulation.

Cette bande de rapaces - car il est difficile de qualifier autrement des agents de l'Etat qui vous arrêtent le samedi matin, comme une voiture sur deux, non pour vous verbaliser, car cela demande trop d'imagination, mais pour vous demander de l'argent pour un "sucré", c'est à dire une petite bière - cette bande de rapaces, donc, n'est qu'à l'image de l'Etat Congolais dans ce qu'il a de plus tragique, là où justement la tragédie est si violente qu'elle provoque un rire nerveux.
Ces policiers ne sont payés qu'une trentaine de dollars par mois, de manière totalement irrégulière, alors que le moins bien payé de nos agents touche autour de 100 dollars.

Ce qui motive les appétits, qui dans ce cas ne sont probablement qu'une manière de survivre en employant la force de l'Autorité. Appétits qui d'ailleurs ne sont que le reflet bénin d'un pays où les concepts de "Forces de l'Ordre", "Justice", et tout simplement "Loi" font doucement rigoler dans les foyers. Je dis doucement, car le rire est probablement bien plus souvent couvert par les sanglots : l'armée Congolaise, et les forces de police de la RDC dans une moindre mesure, sont d'après toutes les ONG qualifiées, les principales causes de prédation, d'insécurité et d'atteintes aux droits de l'homme dans le pays.

Mais comment en vouloir (si, on peut, vous me direz) à des gens que l'on caserne dans les postes de police que l'on voit en photo un peu plus bas ? Un bâtiment commencé et jamais fini, des containers éventrés avec un chiffon pour faire rideau... ça vous fait plus penser à un poste de police, ou un squat de bandits ?

02 mai 2007

Petite coupe de printemps

Aller chez le coiffeur au Congo, c'est tout une aventure.
On a bien sûr la solution facile de la tondeuse, mais d'une part je n'ai jamais su manier l'instrument, et d'autre part, la tête rasée, je suis pas certain que ça m'aille bien.
Donc, le coiffeur.

A Brazzaville, j'avais un coiffeur congolais sympathique, mais qui était bien entendu plus habitué à tailler les cheveux frisés que ma soyeuse chevelure. Et je sortais de là avec une belle tête de vainqueur, la raie sur le côté, comme dans les années 50.
C'est je pense comme ça que mon coiffeur s'imaginait que les européens se coiffent. Peut-être que c'était son rêve inaccessible, la raie sur le côté. Peut-être aussi que ça le faisait vraiment bien rire de me voir sortir de chez lui avec cette tête-là (en passant sur la mauvaise pub pour son échoppe).

Arrivé à Kinshasa, j'ai donc changé de coiffeur, et je suis passé du côté obscur de la force, c'est à dire en bas de mon appartement, chez le coiffeur libanais (les libanais font de tout, pourquoi pas de la coiffure).
Ambiance mâle chez ce coiffeur pour homme, ça sent le café et la cigarette, et on est pas là pour rigoler. Déjà, hop tu t'installes, on va pas faire de shampoing comme chez les gonzesse, ici, c'est assis et tondeuse.
J'enlève mes lunettes, et quand je les remets... "woosh", c'est Retour vers le futur premier épisode, façon Richie Cunnigham dans Happy Days. Autant vous dire que j'hésitais entre le rire et les larmes. J'ai choisi l'option rigolote, et j'ai dis à mon coiffeur que ça me rappelait ma première communion.

Bien entendu, en tant que libanais, je suis pas certain qu'il ait saisi l'allusion.

Mais le résultat était là, et nous sommes donc allés au restaurant le soir, avec ma belle coiffure du printemps, idéale pour sortir en ville...